Eglises d'Asie

L’Eglise catholique réprouve l’usage abusif du mot « confession » par les hommes politiques

Publié le 18/03/2010




Un responsable de l’Eglise catholique a clairement signifié que l’usage abusif du mot « confession » par les hommes politiques et les médias à propos des méfaits des hommes politiques, n’avait rien à voir avec le sacrement de réconciliation de l’Eglise catholique. Dans une déclaration à la presse le 18 décembre dernier, le P. Paul Lee Chang-young, sous-secrétaire de la Conférence des évêques de Corée, a expliqué que l’usage récent et fréquent du terme « gohae-seongsa » qui désigne la confession sacramentelle dans la liturgie catholique était sujet à caution. Les politiciens coréens, en effet, y compris le président Roh Moo-hyun, ont récemment « confessé » publiquement avoir été impliqués dans un système de financement illégal. Le P. Paul Lee a rappelé qu’un prêtre dans sa fonction de confesseur était tenu au secret et ne pouvait rien révéler ; il a aussi souligné que le sacrement exigeait non seulement l’aveu des péchés mais aussi la contrition, la réconciliation et la pénitence.

Suite à de nombreux scandales concernant des financements illégaux, le président Roh a admis que son parti avait bénéficié d’une somme de 35 à 40 milliards de wons (23 à 26 millions d’euros), produit de « collectes tant légales qu’illégales » pour financer son élection à la présidence l’an dernier. A l’époque, son parti, le Parti démocratique du millénaire, n’avait déclaré que 27 milliards de wons de frais de campagne. Le concurrent de Roh, Olaf Lee Hoi-chang, du Grand Parti national (GNP), a admis quant à lui, le 15 décembre, que son parti avait reçu 50 milliards de wons en fonds illégaux. Roh, ainsi qu’Olaf Lee Hoi-chang et le président du GNP, Choi Byong-ryol, tous trois catholiques, avaient employé dans leurs déclarations l’expression « gohae-seongsa Quelques politiciens et journalistes avaient été même jusqu’à demander « l’absolution » à leur sujet. Le président Roh, quoique baptisé catholique, déclare ne pas appartenir à une religion.

Le P. Lee a expliqué que l’objectif de son communiqué de presse était de souligner la différence entre l’usage courant de « gohae-seongsa » et le terme employé par l’Eglise pour désigner le sacrement. Il a précisé que les récents débats politiques réduisaient le sens du mot à une simple contrition, alors que, dans le sacrement, l’expression « indique le repentir et la ferme résolution, devant Dieu et l’Eglise, de réparer les péché commis ». Le prêtre a également expliqué que l’usage impropre du terme pouvait amener, non seulement des catholiques mais d’autres religions ou des non-croyants, à se méprendre sur le sens et l’utilisation formelle du terme « gohae-seongsa » dans l’Eglise. Cependant, reconnaît le P. Lee, l’utilisation fréquente d’« expressions catholiques » en politique comme ailleurs n’en témoigne pas moins d’une certaine influence de l’Eglise catholique sur la société coréenne.

Les donations illégales à but politique faites par les grands conglomérats comme Samsung, LG et le groupe SK pour l’élection présidentielle de 2002 ont été révélées en octobre dernier. Depuis, les investigations se sont élargies, impliquant non seulement ces puissants groupes mais aussi des membres du parti au pouvoir et ceux de l’opposition, tous bénéficiaires de fonds illégaux. Parmi eux, des conseillers du président Roh. Certains ont été inculpés.

Le cardinal Stephen Kim Sou-hwan, ancien archevêque de Séoul, a déclaré le 18 décembre dernier, en recevant la visite de certains membres du Parti démocratique du millénaire, que les gens chargés de résoudre la présente crise politique ne faisaient qu’affaiblir la nation en acceptant ou offrant de « l’argent sale », ajoutant que tous les donateurs ou bénéficiaires des fonds illégaux devaient faire une « sincère confession » devant Dieu et, si nécessaire, être prêts à aller en prison (1).