Eglises d'Asie

L’ordination sacerdotale d’un prêtre d’une ethnie minoritaire est l’occasion d’un rassemblement interculturel

Publié le 18/03/2010




Le 20 décembre dernier, les populations autochtones et les hindous de la partie sud-est du Népal ont eu l’occasion d’assister à l’ordination sacerdotale d’un prêtre d’origine locale et de prendre part à cette occasion à une cérémonie catholique réunissant des personnes venues de différents horizons culturels. Célébrée par Mgr Stephen Lepcha, évêque du diocèse catholique de Darjeeling, en Inde, l’ordination, à laquelle assistait un millier de personnes – dont une centaine de prêtres, de religieux et de religieuses -, était celle du P. Peter Lepcha, âgé de 33 ans et membre de l’ethnie lepcha, une ethnie comptant environ 150 000 personnes réparties entre le Bhoutan, le Népal et l’Inde. Pour Mgr Stephen Lepcha, qui a présidé la cérémonie à Deoniya, l’événement “a renforcé notre foi dans l’universalité de l’Eglise”. Mgr Stephen Lepcha a ajouté : “En tant que premier et unique évêque issue de l’ethnie lepcha, je me sens honoré du fait que, bien que notre peuple soit petit en nombre, nous partagions le privilège d’appartenir à l’Eglise universelle.” Sur les 150 000 Lepchas, on compte pas moins de 15 000 catholiques – dont une trentaine de prêtres et soixante-dix religieuses.

Pour le P. Akijiro Ooki, curé de paroisse à Pokhara, à 140 km. au nord-ouest de Katmandou, et missionnaire japonais âgé de 74 ans, l’ordination du P. Peter Lepcha a été l’occasion – “une occasion rare” – d’une rencontre au cours de laquelle des personnes de différents horizons, culturels et religieux, ont pu se rencontrer. Selon Sour Daisey Joseph, de la congrégation des Filles de la Croix, “le fait marquant de la cérémonie d’ordination est que les hindous de la région ont eu l’occasion de mieux comprendre ce qu’est l’Eglise catholique”. Du fait que la cérémonie a été organisée en plein air, les gens ont pu y assister sans se sentir inhibés, ce qui aurait été le cas s’ils avaient eu à franchir le seuil d’une église, a-t-elle ajouté.

Uday Mohpal, un médecin de la région, de religion hindoue, a ainsi noté que les rites catholiques utilisaient “notre langue népalaise” et que la louange des chrétiens pour Dieu était similaire à ce que les hindous faisaient. Anshu Koirala, une institutrice âgée de 35 ans, a vu pour sa part des similitudes entre sa religion, l’hindouisme, et le catholicisme. Les prêtres catholiques invoquent “Parameshwar” (‘Seigneur Suprême’) d’une façon semblable à celle des prêtres hindous, a-t-elle remarqué, ajoutant que la seule différence était que le clergé hindou s’exprimait en sanscrit là où les prêtres catholiques priaient en népalais. “En fait, nos prières résonnent étrangement étant donné que les hindous de base ne comprennent pas le sanscrit, à mon exemple, moi qui suis pourtant d’origine brahmane a dit cette institutrice, précisant qu’elle trouvait qu’en comparaison, “les rites et les prières des catholiques lors de la cérémonie étaient aisément compréhensibles, même par des illettrés”.

Pour le P. Amrit Rai, supérieur de la communauté jésuite de Deoniya, l’ordination a aussi été l’occasion de montrer à la population locale – et aux rebelles maoïstes – que “les valeurs d’égalité, de justice, d’amour et de solidarité étaient à la base de la foi chrétienne”. Des messages avaient été transmis à la rébellion avant la cérémonie pour expliquer que l’Eglise consacrait ce jour-là un de “ses fils afin de servir les plus faibles des faibles et d’ouvrer pour la justice”. Selon le P. Rai, il est quasi certain que des maoïstes ont pris part incognito à la cérémonie – “ce qui explique que celle-ci n’a pas été perturbée”.