Eglises d'Asie – Népal
L’ordination sacerdotale d’un prêtre d’une ethnie minoritaire est l’occasion d’un rassemblement interculturel
Publié le 18/03/2010
Pour le P. Akijiro Ooki, curé de paroisse à Pokhara, à 140 km. au nord-ouest de Katmandou, et missionnaire japonais âgé de 74 ans, l’ordination du P. Peter Lepcha a été l’occasion – « une occasion rare » – d’une rencontre au cours de laquelle des personnes de différents horizons, culturels et religieux, ont pu se rencontrer. Selon Sour Daisey Joseph, de la congrégation des Filles de la Croix, « le fait marquant de la cérémonie d’ordination est que les hindous de la région ont eu l’occasion de mieux comprendre ce qu’est l’Eglise catholique ». Du fait que la cérémonie a été organisée en plein air, les gens ont pu y assister sans se sentir inhibés, ce qui aurait été le cas s’ils avaient eu à franchir le seuil d’une église, a-t-elle ajouté.
Uday Mohpal, un médecin de la région, de religion hindoue, a ainsi noté que les rites catholiques utilisaient « notre langue népalaise » et que la louange des chrétiens pour Dieu était similaire à ce que les hindous faisaient. Anshu Koirala, une institutrice âgée de 35 ans, a vu pour sa part des similitudes entre sa religion, l’hindouisme, et le catholicisme. Les prêtres catholiques invoquent « Parameshwar » (‘Seigneur Suprême’) d’une façon semblable à celle des prêtres hindous, a-t-elle remarqué, ajoutant que la seule différence était que le clergé hindou s’exprimait en sanscrit là où les prêtres catholiques priaient en népalais. « En fait, nos prières résonnent étrangement étant donné que les hindous de base ne comprennent pas le sanscrit, à mon exemple, moi qui suis pourtant d’origine brahmane a dit cette institutrice, précisant qu’elle trouvait qu’en comparaison, « les rites et les prières des catholiques lors de la cérémonie étaient aisément compréhensibles, même par des illettrés ».
Pour le P. Amrit Rai, supérieur de la communauté jésuite de Deoniya, l’ordination a aussi été l’occasion de montrer à la population locale – et aux rebelles maoïstes – que « les valeurs d’égalité, de justice, d’amour et de solidarité étaient à la base de la foi chrétienne ». Des messages avaient été transmis à la rébellion avant la cérémonie pour expliquer que l’Eglise consacrait ce jour-là un de « ses fils afin de servir les plus faibles des faibles et d’ouvrer pour la justice ». Selon le P. Rai, il est quasi certain que des maoïstes ont pris part incognito à la cérémonie – « ce qui explique que celle-ci n’a pas été perturbée ».