Eglises d'Asie

Protestant contre la politique gouvernementale de lutte contre l’immigration clandestine, des travailleurs étrangers, installés aux abords de la cathédrale de Séoul, refusent de quitter les lieux

Publié le 18/03/2010




Protestant contre le harcèlement policier dont ils se disent victimes depuis que le gouvernement coréen a engagé une vaste campagne de lutte contre la présence d’immigrés clandestins dans le pays (1), une petite centaine de travailleurs étrangers et onze ouvriers coréens les soutenant occupent depuis quelques semaines les abords de la cathédrale de Séoul où ils campent. Depuis qu’elle a servi de refuge à des centaines d’opposants au régime militaire de Chun Doo-hwan en 1987, la cathédrale est toujours considérée comme un lieu d’asile par les militants pour la démocratie, les travailleurs grévistes et tous les opprimés qui protestent et veulent alerter l’opinion publique (2). Le 23 décembre dernier cependant, les responsables de la cathédrale ont demandé à la centaine de protestataires de bien vouloir libérer la place.

Le 2 janvier, Kim Hyuk, de la Confédération syndicale de Corée (KCTU), s’est adressé à la presse pour déclarer que les protestataires n’avaient toujours pas quitté les abords de la cathédrale et n’avaient pas du tout l’intention de le faire. Ils s’y étaient installés le 15 novembre dernier, deux jours avant que le gouvernement coréen prenne des mesures draconiennes contre « les travailleurs étrangers clandestins ». Les onze Coréens qui accompagnent les quatre-vingt-dix étrangers appartiennent tous à la KCTU. Ils ont entrepris l’occupation des abords de la cathédrale après avoir, disent-ils, compris que la police les recherchait. Leur but est, selon eux, de faire cesser les tracasseries policières injustifiées. Kim Hyuk a affirmé que les membres de la Confédération avaient été accusés de tentatives d’intimidation et de fraude après des essais de négociation avec leurs employeurs. Il a cependant assuré que, depuis, la police n’était venue procéder à aucune arrestation parmi les sans-papiers par crainte d’être accusée par la presse et les ONG de « profanation » du sanctuaire.

De son côté, le clergé de la cathédrale a déclaré n’avoir pas autorisé l’occupation des abords du sanctuaire, avoir demandé l’intervention de la police et avoir invité les protestataires à bien vouloir quitter les lieux. Le P. Moses Kim Dong-hee a précisé, le 24 décembre, que la difficulté venait de ce que les manifestants n’avaient pas informé les autorités ecclésiastiques ni demandé une quelconque autorisation avant de s’installer. Il est vrai, par contre, qu’ils sont restés dix jours dans le froid de l’hiver, reconnaît-il, sans protection, avant de dresser leurs tentes malgré l’opposition de l’Eglise. Le P. Kim a aussi fait remarquer que la cathédrale ne pouvait devenir un lieu permanent de protestation, et que « s’inquiéter des laissés-pour-compte de la société et demander à des groupes d’intérêt de quitter les lieux sont deux choses différentes ».

Le représentant de la Confédération syndicale, Kim Hyuk, avait réaffirmé, dès le 29 décembre, que les protestataires n’avaient pas l’intention de quitter les lieux « puisque nous ne savons pas où aller ». Il avait souligné en même temps l’inconséquence du clergé qui, tout en sachant que les protestataires n’avaient pas d’autre refuge, leur demandait de partir : « Ce qui revient à dire : ‘Peu nous importe que vous soyez morts ou vivants’, et le met en complète opposition avec ce que Jésus lui-même a fait en faveur des plus démunis. »