Eglises d'Asie – Vietnam
Un sénateur américain a la surprise d’être autorisé à rencontrer le prêtre dissident, le P. Nguyên Van Ly, qui purge sa peine de prison dans la province de Nam Ha
Publié le 18/03/2010
Les agences internationales et des sources privées au Vietnam ont fait état d’un événement survenu lors du séjour à Hanoi, qui a changé la nature du voyage de la délégation. Le sénateur, qui avait demandé à rendre visite au célèbre prêtre dissident emprisonné au Nord Vietnam, le P. Nguyên Van Ly, a eu la surprise d’être autorisé à rencontrer ce curé du diocèse de Huê qui, à l’issue d’une longue campagne pour la liberté religieuse au Vietnam, avait été arrêté en mars 2001 et condamné à quinze ans de prison en octobre suivant, une peine qui a été ramenée à dix ans le 17 juillet dernier (2). C’est la première fois qu’une personnalité politique étrangère était autorisée à se rendre auprès du P. Ly. Jusqu’ici seuls ses proches parents avaient eu cette possibilité.
L’entretien a eu lieu le 7 janvier au centre d’internement de Ba Sao, dans la province de Nam Ha, où est incarcéré le P. Ly. Il a duré aux alentours de trente minutes en présence d’une dizaine de policiers. Le sénateur a fait cadeau d’une bible au prisonnier et lui a remis des missives de parents résidant aux Etats-Unis. L’aspect physique du P. Ly a fait bonne impression à son visiteur mais celui-ci a remarqué qu’un des verres de ses lunettes était brisé. Au cours de la conversation qui a eu lieu et qui aurait porté sur le degré de la persécution religieuse au Vietnam, le sénateur a demandé au prisonnier quel était le motif de son incarcération. Le P. Ly a déclaré l’ignorer totalement. Selon des membres de la délégation, cités par le Comité pour la liberté religieuse au Vietnam (3), le prêtre dissident a donné l’impression d’avoir les idées peu claires et l’esprit confus.
A l’issue de cette visite, le sénateur américain, après avoir affirmé qu’il continuait à nourrir des inquiétudes sur les libertés de culte et les libertés politiques au Vietnam, s’est exprimé avec un certain optimisme. Il s’est déclaré encouragé de voir que le gouvernement vietnamien se souciait aujourd’hui des problèmes de liberté et de la liberté religieuse (4).
Le P. Nguyên Van Ly, qui a déjà passé dix ans en prison de 1977 à 1978 et de 1983 à 1992 pour « opposition à la révolution avait lancé une campagne pour la liberté religieuse à la fin de l’année 2000. Commencée au mois de novembre 2000 (5), dans le cadre de revendications locales – des terrains paroissiaux confisqués par l’Etat -, la campagne du P. Ly avait vite pris une dimension interreligieuse, nationale et même internationale. Elle a été tout de suite marquée par le ton sans concession adopté par le prêtre et une volonté de non-compromission avec le régime que symbolisait le calicot qu’il avait accroché au clocher de son Eglise : « La liberté religieuse où la mort ! Il diffusa sur le réseau Internet de nombreuses déclarations où il revendiquait liberté et totale indépendance pour les diverses religions du Vietnam, des procès-verbaux où il détaillait concrètement les violations de la liberté religieuse commises par les autorités locales et nationales. A la demande de la Commission sur la liberté religieuse dans le monde du Sénat américain, il fit parvenir à celle-ci deux rapports sur la liberté religieuse au Vietnam. Dès le 27 février 2001, le P. Ly avait été assigné à résidence dans la paroisse de An Truyên. Le 10 mai, les autorités civiles lui interdisaient de dire la messe. Le 17 mai 2001, six cents agents de la Sûreté vinrent arrêter le prêtre dans son presbytère alors qu’il se préparait à célébrer la messe. Le procès n’eut lieu que cinq mois plus tard en octobre 2001, à Huê. Il fut condamné à quinze ans de prison ferme pour « ne pas avoir accompli sa peine de mise en résidence surveillée et avoir saboté la politique de l’unité nationale Il fut ensuite envoyé au Nord-Vietnam pour y purger sa peine.