Eglises d'Asie

A Huê, des autorités locales tentent d’accaparer une propriété de l’Eglise catholique et font preuve de brutalité à l’égard des fidèles et de leur curé

Publié le 18/03/2010




L’archevêque de Huê et son clergé se sont profondément indignés de la brutalité dont ont fait preuve des cadres administratifs locaux à l’égard des fidèles de l’église de Kê Sung, du P. Dang Van Nam, desservant de cette église, et de plusieurs prêtres du diocèse. Ceux-ci essayaient de s’opposer à une tentative d’accaparement du terrain de la paroisse par des responsables administratifs locaux qui, malgré le désaccord de la communauté catholique, y ont illégalement édifié une route.

Les faits ont eu lieu dans la matinée du 6 janvier dernier. Entouré d’une vingtaine de ses paroissiens, le P. Nam défendait le domaine de l’église de Kê Sung contre l’assaut d’une troupe composite d’une centaine de personnes réquisitionnées par les autorités civiles locales, pour édifier une route de béton traversant la cour de l’église. Il fut alors frappé violemment à la face par un cadre local, proche parent du secrétaire de la section communale du Parti, alors que les fidèles étaient bousculés, molestés et déplacés de force. Quelques minutes plus tard, informé des faits, l’archevêque, Mgr Etienne Nguyên Nhu Thê, envoyait sur les lieux, le P. Nguyên Huu Giai, responsable du doyenné de Huong Phu, et le P. Trân Thang Thê, curé d’une paroisse voisine, pour enquêter sur place. A peine arrivés sur les lieux de l’affrontement, les deux prêtres furent encerclés par les cadres de la commune et du hameau accompagnés des forces qu’ils avaient mobilisées pour mener à bien leur entreprise. Du sable, du ciment et des pierres furent jetés sur eux par les agresseurs. En outre, la police locale a fait la sourde oreille aux coups de téléphone portable du P. Giai réclamant son assistance.

Voilà déjà quelque temps que ce différend avait éclaté entre la communauté catholique et les autorités locales au sujet de la route de béton. Au mois de mars de l’année dernière, les responsables de la commune avaient averti le conseil paroissial de Kê Sung de leur intention d’édifier une route de béton traversant la cour de l’Eglise à quatre mètres de l’entrée de l’église. A plusieurs reprises, les représentants de la communauté chrétienne exprimèrent leur désaccord avec cette initiative – sans entamer la résolution des autorités civiles. C’est le 5 janvier, la veille de l’incident, que les choses commencèrent à se gâter. Du sable et du ciment furent transportés sur les lieux malgré les tentatives de négociations menées par le P. Nam. Au milieu de la matinée, le président du Front patriotique fut dépêché sur les lieux pour y proclamer une décision provenant du district et proclamant que quiconque s’opposerait aux travaux d’édification de la route serait frappé d’une sanction pénale.

Toutes les interventions tentées après l’incident du 6 janvier par les responsables religieux auprès des autorités civiles se sont soldées par une fin de non-recevoir. Dans l’après midi, le P. Nam et trois de ses fidèles avaient été appelés pour un interrogatoire au cours duquel ils furent informés que les travaux suivraient leur cours. Vers la même heure, l’archevêque avait prié trois des prêtres de son diocèse réunis à l’archevêché pour une session de formation sacerdotale d’aller s’entretenir de ce problème auprès du Bureau des Affaires religieuses. Malgré la promesse du directeur du Bureau de régler l’affaire dès le jour suivant, les fidèles de Kê sung n’ont encore accueilli aucune délégation des Affaires religieuses. Le lendemain, une lettre contenant un rapport détaillé des faits était envoyé aux autorités provinciales par le P. Nam, le plus brutalement agressé au cours des incidents du 6 janvier. La lettre se terminait en demandant l’intervention du pouvoir local pour qu’il mette un terme aux transgressions et aux violences.

Le premier jour de la nouvelle année du singe, le 22 janvier 2004, l’archevêque de Huê a tenu à se déplacer jusqu’à Kê Sung pour présenter ses voux aux fidèles et au curé. A l’intérieur de l’église où ils s’étaient rassemblés, curé et fidèles lui ont fait part des derniers événements et de l’injuste agression dont ils avaient été les victimes.