Eglises d'Asie

A l’approche des élections de mai 2004, des catholiques, des protestants et des musulmans se rencontrent pour évoquer le problème de la fraude dans le processus électoral

Publié le 18/03/2010




La scène politique du pays étant désormais toute entière tournée vers l’échéance électorale de mai 2004, une centaine de catholiques, de protestants et de musulmans, laïcs et religieux réunis, se sont rassemblés le 16 janvier dernier pour évoquer une des plaies de la vie politique locale : la fraude électorale. Organisée par le Centre d’études de morale et de théologie contextualisées de l’université dominicaine Santo Tomas à Manille, la rencontre était intitulée : “Comment tricher ? La fraude électorale” et était soutenue par la Commission pour les Affaires ocuméniques de la Conférence des évêques catholiques des Philippines, le Conseil islamique philippin, le Conseil national des Eglises (protestantes) des Philippines et les Focolari, mouvement catholique.

Dans la perspective du 10 mai prochain qui verra l’élection du président et du vice-président de la République, le renouvellement de la Chambre des représentants, d’un grand nombre de responsables locaux et de douze des membres du Sénat, les organisateurs de la rencontre souhaitaient faire de leur conférence une contribution “aux efforts interreligieux entrepris par les chrétiens et les musulmans” pour “des élections honnêtes et propres”. S’inscrivant dans le sillage du message laissé par Mgr Michael Louis Fitzgerald, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, qui, de passage aux Philippines en août 2003, avait incité à explorer “de nouvelles dynamiques de dialogue les participants à la rencontre se sont engagés à des “actions”. Mgr Iniguez, président de la Commission pour les Affaires publiques de la Conférence des évêques catholiques, s’est dit résolu à “travailler en réseau avec d’autres organisations”. Le pasteur Dionito Cabillas, co-président de l’Alliance populaire moro-chrétienne, prévoit de lancer “une campagne pour une véritable politique du changement”. Enfin, Mgr Gabriel Garol, de l’Eglise unie du Christ, souhaite que son Eglise conduise des sessions de formation auprès des électeurs en vue de réduire la fraude électorale.

Taha Basman, enseignant musulman, président du Conseil islamique philippin, a décrit quelques unes des techniques à l’ouvre pour altérer les résultats électoraux. Dans la province méridionale de Lanao del Sur, à Mindanao, “le cours actuel d’un vote” est d’environ 8 000 pesos (115 euros). Des fillettes de 10 ans sont déguisées et, revêtues d’un voile, se présentent comme des électrices âgées de 18 ans, la majorité légale pour voter. Selon Taha Basman, les scrutateurs ou bien sont trop paresseux ou bien n’osent pas interroger ces “électrices” sur leur âge réel. Ailleurs, les urnes peuvent être soit bourrées d’encre soit détruites à l’explosif afin d’annuler le résultat de certains bureaux de vote.