Eglises d'Asie

Après quatre années d’inactivité, un groupe ocuménique rassemble catholiques et protestants

Publié le 18/03/2010




Le 19 décembre dernier, le temple protestant de Putali-Sadak à Katmandou a accueilli une quarantaine de catholiques et de protestants pour la première réunion depuis quatre ans d’un groupe ocuménique chrétien mis en place par Frère Guillaume, un membre de la communauté de Taizé présent au Népal depuis vingt ans. Mis en place au début de l’année 1999 (1), ce groupe ocuménique avait été rapidement mis en sommeil après la parution, en octobre 1999, d’un article dans un mensuel populaire du pays, Himal, soulignant les pratiques de l’Eglise catholique dans le domaine de l’inculturation. Certains cercles protestants avaient alors vivement réagi, estimant qu’ils ne pouvaient accepter de qualifier de “culturels” des rites hindous considérés par eux comme fondamentalement “religieux”.

A l’assemblée réunie au temple protestant, le pasteur Simon Pandey, secrétaire général de la Communion nationale des Eglises du Népal, structure rassemblant la plus grande part des dénominations protestantes présentes dans ce royaume majoritairement hindou, a rappelé que, si cette réunion était une première pour une majorité de ses participants, elle avait été précédée en 1999 par plusieurs assemblées réunies à l’initiative d’un comité baptisé “Service chrétien uni”. Aujourd’hui, a poursuivi le pasteur protestant, quatre points doivent être précisés : “Nous devons comprendre ce que nous signifions par unité, identifier les obstacles [à l’unitéidentifier les points d’entente en dépit des divergences qui existent entre nous, et enfin décider des actes concrets.”

Pour le Frère Guillaume, qui a récemment enfourché sa bicyclette à travers Katmandou pour faire le tour des communautés chrétiennes et encourager leurs responsables à réactiver le Service chrétien uni, le plus important était de parvenir à organiser ce rassemblement. “J’espère que cette réunion aura une suite et que nous n’aurons pas à attendre quatre années supplémentaires” pour en voir les fruits concrets, a déclaré aux participants le religieux dont la communauté fondée en 1940 à Taizé, en France, a la particularité d’être internationale et ocuménique.

L’article paru dans Himal en octobre 1999 et qui avait bloqué la démarche ocuménique concernait l’approche de l’inculturation par les catholiques népalais. Intitulé “Comment certains chrétiens célèbrent Dashain et Tihar il expliquait que les catholiques croyaient que la Bible ne leur interdisait pas de célébrer, en tant qu’événements culturels, ces deux fêtes hindoues et que l’Eglise catholique encourageait l’inculturation. Il poursuivait en décrivant comment, à l’église de l’Assomption, à Katmandou, les fidèles qui le souhaitaient pouvaient recevoir sur le front le “tika cette marque rouge, faite de pâte de riz et de vermillon, portée au front des hindous à l’occasion de la fête de Dashain. Lors d’une assemblée ocuménique réunie peu après la parution de cet article, des responsables protestants déclarèrent qu’il était “inacceptable” que des catholiques incorporent avec autant de désinvolture à leur liturgie des éléments issus d’une fête hindoue. Parce que le “tika affirmèrent-ils, est sans équivoque possible un symbole religieux hindou, les chrétiens doivent absolument le tenir à distance. A cela, les catholiques présents répliquèrent que le “tika” était seulement perçu par eux comme un symbole “culturel”. Après ce constat de désaccord, explique aujourd’hui Chirendra Satyal, un laïc catholique, responsable de la Commission catholique pour l’ocuménisme et le dialogue interreligieux de la préfecture apostolique de Katmandou, les rassemblements ocuméniques ont pris fin.

A l’issue de la réunion du 19 décembre, un comité de cinq membres a été créé afin d’assurer une suite à cette reprise du dialogue ocuménique. Un responsable protestant a déclaré qu’il fallait désormais s’attacher “à débattre avec amour des sujets difficiles, y compris pourquoi certains responsables catholiques ont publiquement critiqué les méthodes d’évangélisation des protestants”. Pour le jésuite Norbert D’Souza, de la paroisse de Baniyatar, il est important de faire preuve d’une ferme résolution à “se réunir et à se rencontrer, non seulement dans les temps de joie mais aussi dans les temps de peine”. Afin de faire évoluer concrètement le dialogue ocuménique, David McConkey, de la Mission unie au Népal, a suggéré, “plutôt que d’entrer dans de longues discussions, de se réunir pour prendre part à des activités modestes qui ne soient pas menaçantes [pour les uns ou les autres] ». Le P. Lawrence Maniyar a préconisé la mise en place de groupe de prières et de partage autour de la Bible : “Si nous ne nous réunissons pas en premier lieu pour prier, nos efforts ne porteront pas de fruit et rien ne se passera.”