Eglises d'Asie

D’après les confidences d’un proche neveu, le P. Nguyên Van Ly, interné au Nord-Vietnam, souffrirait d’une certaine baisse du moral

Publié le 18/03/2010




Des informations supplémentaires ont été données au sujet de la visite rendue, le 7 janvier dernier, par la délégation du sénateur américain Sam Brown Back au prêtre dissident, le P. Nguyên Van Ly, détenu au centre d’internement de Ba Sao, dans la province de Nam Ha (1). Le sénateur américain était accompagné de trois personnes ainsi que du P. Trân Xuân Tâm, prêtre vietnamien vivant aux Etats-Unis, qui n’a pu participer directement à cette visite, n’étant pas rattaché aux services du Congrès américain comme les autres. Il a cependant profité de son voyage au Vietnam pour recueillir de très précieux renseignements sur le P. Ly.

Le compte-rendu de la visite fourni par le Comité pour la liberté religieuse au Vietnam (2) précise un certain nombre d’informations déjà transmises au lendemain de la visite. Il souligne le fait que l’autorisation de la visite n’a été donnée au sénateur américain qu’au dernier moment après que sa demande eut essuyé plusieurs refus des autorités. Le même rapport insiste aussi sur le comportement inhabituel du P. Ly, son air effrayé, ses réponses peu claires aux questions qui lui ont été posées. Enfin, on apprend qu’avant la fin de sa visite, le P. Ly a remis au sénateur américain trois photocopies de lettres. Avant de les remettre, il a écrit quelques mots sur la première feuille en disant : “J’écris ici pour prouver que ces lettres sont de mon écriture.” Ici et là dans la diaspora vietnamienne, on avait mis en cause l’authenticité de ces lettres déjà diffusées depuis septembre 2003, dans lesquelles le P. Ly adoptait une position tout à fait différente de celle qui avait été la sienne au cours de la campagne pour la liberté religieuse menée par lui avant son arrestation. On s’est étonné de savoir que le P. Ly était au courant de ce soupçon.

Dans un rapport transmis par courrier électronique, le P. Trân Xuân Tâm a fait part de confidences recueillies par lui et susceptibles d’éclairer davantage l’attitude actuelle du prisonnier de Ba Sao. Quelques jours après la visite de la délégation américaine au P. Ly, le 13 janvier 2004, le P. Tâm et un membre de la délégation, Melle Hanna Royal, ont eu un long entretien avec la nièce du P. Ly, Nguyên Thi Hoa, et son neveu, Nguyên Van Dung, dans un café de Hô Chi Minh-Ville. Dung est allé rendre visite au prêtre prisonnier et l’a ravitaillé à de nombreuses reprises dans son camp d’internement au Nord-Vietnam. Il a expliqué que, dans sa prison, le P. Ly avait traversé deux phases opposées.

Au cours d’une première période allant de son entrée au camp à la fin de l’année 2002, le P. Ly avait conservé un moral à toute épreuve et une résolution comparable à celle qui était la sienne avant son emprisonnement. Ainsi, lorsqu’il signait un reçu pour le colis apporté, avant d’apposer son nom, il barrait le mot “délinquant” pour le remplacer par le mot “prisonnier de conscience”. Plusieurs fois, alors qu’on lui conseillait de faire attention aux aliments qui lui étaient servis, le prêtre répondit qu’il s’appuyait uniquement sur la grâce de Dieu. Le neveu du P. Ly a ainsi rapporté de nombreux témoignage de sa bonne santé mentale. A la fin de l’année 2002 et au début de l’année 2003, certains signes de changement sont apparus. En février 2002, Dung fut très étonné d’entendre son oncle lui demander de conseiller à ses neveux, alors en prison et près d’être jugés, “de reconnaître humblement leur faute A partir de juin 2003, le P. Ly s’abstint de demander à son neveu, comme il le faisait d’habitude, d’envoyer son bon souvenir au diocèse de Huê et surtout à ses anciens paroissiens.

C’est au mois de septembre 2003 que la première lettre du P. Ly fut écrite et envoyée aux évêques du Vietnam. A plusieurs reprises, le P. Ly a affirmé à son neveu qu’il en était bien l’auteur. Son neveu lui demandant le pourquoi de son changement d’attitude vis-à-vis de la politique religieuse du pouvoir, le P. Ly se contenta de lui conseiller de lire plus attentivement sa lettre.