Eglises d'Asie

Deux pasteurs de l’Eglise mennonite dénoncent les persécutions subies par les groupes religieux non reconnus officiellement

Publié le 18/03/2010




Le Washington Times du 23 janvier dernier a publié un compte-rendu de la situation religieuse au Vietnam, compte-rendu issu d’une rencontre entre un reporter du journal et deux pasteurs de Hô Chi Minh-Ville, le pasteur et avocat Nguyên Hông Quang, bien connu pour ses nombreuses interventions en faveur de la liberté religieuse (1), et son confrère, le pasteur Pham Ngoc Thach. Les deux ecclésiastiques appartiennent à l’Eglise mennonite, une Eglise non reconnue comme groupe religieux officiel par les autorités civiles du Vietnam.

Les pasteurs ont dit que les fidèles ont la possibilité de pratiquer leur culte au Vietnam où la liberté religieuse est garantie par la Constitution. Que l’on soit chrétien, bouddhiste ou musulman, il existe une multitude de lieux où l’on peut participer au culte et aux prières, rencontrer des coreligionnaires sans craindre une descente de police ou une arrestation. Les deux ecclésiastiques ont même affirmé que le niveau de tolérance religieuse s’était sans conteste amélioré, en comparaison de la politique rigoureuse appliquée après le changement de régime de 1975. Cependant, ont-ils ajouté, cette liberté est seulement accordée aux organisations religieuses approuvées, soumises au contrôle du gouvernement exercé sur l’ensemble de leurs activités. Les groupes religieux refusant de se soumettre à ce contrôle s’installent dans l’illégalité, subissent la persécution des autorités et s’exposent à la confiscation de leurs propriétés.

Le pasteur Nguyên Hông Quang a souligné que “le gouvernement vietnamien tenait à contrôler chaque chose”. Les autorités considèrent les religions comme étant à leur service. Elles exigent que les pasteurs soutiennent leur politique et utilisent les Eglises comme des appareils de propagande. Arrestations et persécutions sont le lot des réfractaires. Le pasteur Quang lui-même a été arrêté une quarantaine de fois et emprisonné à cinq occasions. Récemment, accusé d’être porteur de matériel de propagande religieuse au cours des Jeux de l’Asie du Sud-Est qui se sont déroulés en décembre dernier, il a été l’objet d’une attaque de la police. Son collègue, le pasteur Pham Ngoc Thach, qui l’accompagnait a été incarcéré pendant 24 heures et soumis à des mauvais traitements.

Les pasteurs ont affirmé que le sort des mennonites était partagé par des milliers d’Eglises domestiques clandestines. Selon eux, elles sont au nombre de 3 500 au Vietnam. L’Eglise mennonite, quant à elle, revendique 11 000 fidèles répartis dans cent trente Eglises domestiques. Plus de deux cents de leurs membres seraient actuellement en prison pour leurs croyances.

Interrogé par le reporter du Washington Times, le directeur du Bureau des Affaires religieuses, Ngô Yên Thi, a justifié la politique religieuse du gouvernement, en affirmant que celui-ci avait la responsabilité de protéger l’ordre social. Il a déclaré : “L’Etat respecte et garantit le droit à la liberté religieuse et tous les groupes religieux sont égaux devant la loi aussi longtemps que leurs activités n’affectent pas l’ordre public.” Il a ajouté que les autorités doivent tenir compte de la moralité des divers groupes religieux. Selon lui, certains d’entre eux organisent des activités préjudiciables à la santé du peuple, comme des orgies caractérisées par l’abus d’alcool et de sexe. “Certains se réunissent tout nus dans une salle, ont des relations sexuelles et appellent ça une activité religieuse ! s’est-il exclamé.