Eglises d'Asie

L’Eglise catholique demande au gouvernement d’améliorer le système d’embauche des travailleurs étrangers

Publié le 18/03/2010




Dans une Lettre pastorale rédigée en collaboration avec les prêtres au service des travailleurs migrants en Corée du Sud, un évêque catholique condamne les mesures de répression actuellement en cours et recommande vivement au gouvernement de réaménager le système d’embauche des travailleurs étrangers (1). Mgr Peter Kang Woo-il, évêque de Cheju et président du Comité épiscopal pour la pastorale des migrants et des gens du voyage, avec la participation des dix-sept prêtres représentant les quatorze archidiocèses et diocèses de la Corée du Sud, a publié cette lettre le 18 janvier dernier, à l’occasion de la « 90e Journée mondiale des migrants et des réfugiés ».

Le secrétaire du comité, le P. Peter Chung Byung-jo, a déclaré à la presse, le 13 janvier, que la lettre, diffusée sur le site Internet de la Conférence épiscopale, s’adressait au gouvernement et s’insurgeait contre les mesures répressives prises contre les travailleurs immigrés « illégaux ». Selon le système de permis de travail décrété en juillet dernier, les travailleurs immigrés résidant en Corée du Sud depuis plus de quatre ans, à partir du 31 mars 2003, deviendront automatiquement des « illégaux ». On estime à 80 000 le nombre des immigrés appartenant à cette catégorie et que le gouvernement se prépare à expulser. D’après le ministère de la Justice, au 26 décembre, le gouvernement avait déjà arrêté 2 612 d’entre eux et expulsé plus de 2 100 autres.

La Lettre pastorale qualifie cette campagne de « outrage à l’humanité Elle accuse la nouvelle loi sur l’embauche de violer des droits fondamentaux des travailleurs immigrés et d’être contraire à l’esprit de la Constitution. Elle fait appel aux législateurs et aux membres du gouvernement pour « dépasser ce nationalisme étroit ». Selon la loi, les travailleurs migrants qui sont dans le pays depuis moins de trois ans, inscrits à l’Office du travail et munis d’un « certificat d’emploi » délivré par un patron, seront autorisés à travailler pendant trois autres années. Ceux qui ont séjourné en Corée entre trois et quatre ans pourront suivre la même procédure, mais devront quitter le pays et pourront revenir s’ils le désirent mais munis d’un permis de rentrée délivré par le gouvernement.

Le P. Chung estime que « ceux qui ont travaillé plus de trois ans ont une bonne formation et maîtrisent à peu près le coréen ». Aussi « il est absurde de déporter ces ouvriers qualifiés qui parlent la langue du pays. C’est une perte considérable pour l’industrie coréenne ». Dans le même sens, un membre du comité a souligné que les travailleurs migrants rendaient service à la société coréenne en assumant les « 3 D » (travaux difficiles, dégoûtants et dangereux). Des emplois que la plupart des Coréens fuient. « Mais, comme nous, ils ont leur dignité d’hommes et des droits a-t-il rappelé.

Le P. Chung a ajouté que le comité avait invité à ses réunions mensuelles les responsables du ministère du Travail et du ministère de la Justice pour qu’ils s’informent directement auprès des aumôniers des problèmes et de la situation des travailleurs étrangers.

D’après un récent rapport du gouvernement, la plupart des travailleurs immigrés sont originaires du Bangladesh, de Chine, de Mongolie, des Philippines et de Thaïlande. Le « Système du permis de travail » fonctionne de pair avec celui de « la formation industrielle» en vigueur depuis dix ans. Sous cette réglementation, les travailleurs étrangers peuvent, en tant qu’« apprentis rester en Corée trois ans dont une année de formation et deux ans de travail régulier. Cependant, le salaire des apprentis est de moitié inférieur à celui d’un travailleur immigré régulier lequel est déjà inférieur au salaire minimum d’un ouvrier coréen, si bien que de nombreux immigrés en formation quittent leur premier emploi d’apprenti, à la recherche d’un travail plus rémunérateur mais clandestin. Ce qui fait dire aux spécialistes de la question que ce système de formation ne sert qu’à exploiter une main d’ouvre au rabais et à transformer les migrants en « sans papiers