Eglises d'Asie

L’Eglise catholique s’inquiète des attaques verbales chaque jour plus virulentes que les candidats aux élections présidentielles de mars prochain ne cessent de se lancer

Publié le 18/03/2010




Peu avant le 24 janvier dernier, date à laquelle il s’est retiré de la tête de l’archidiocèse de Taipei, Mgr Joseph Ti-Kang a déclaré qu’il était “immoral pour quiconque, quelle que soit son appartenance politique, de recourir à la provocation comme un moyen de faire campagne”. Il a ajouté que l’Eglise catholique maintenait, comme à son habitude, une position neutre sur le terrain des préférences politiques et encourageait les catholiques à voter selon leur conscience. “Ils portent la responsabilité de leur suffrage devant Dieu a-t-il précisé.

Les propos de Mgr Ti-Kang s’inscrivent dans un contexte local marqué par une actualité politique intense, du fait de la proximité des prochaines élections présidentielles, prévues le 20 mars 2004. Amplement couverte par les médias, la campagne fait une large place aux attaques personnelles lancées par l’un ou l’autre camp contre son ou ses adversaires. Le 5 janvier dernier, par exemple, Wu Shu-chen, l’épouse de l’actuel président Chen Shui-bian, dirigeant du DPP (Democratic Progressive Party) et candidat à sa propre succession, a déposé une plainte en diffamation contre Lien Chan, candidat du Kouomintang, le Parti nationaliste ; Wu Shu-chen reproche à Lien Chan de “répandre des rumeurs” selon lesquelles sa famille a usé de son influence pour s’enrichir.

Pour Tsai Hsin-te, universitaire catholique à Kaohsiung, membre du DPP et ancien rédacteur en chef du Central Daily News, un journal contrôlé par le Kouomintang, “plus la couverture médiatique de la campagne est intense, plus la confusion grandit”. Mais s’il se montre optimiste sur le développement in fine de la démocratie à Taiwan, d’autres catholiques craignent que le battage médiatique causé par l’avalanche d’accusations personnelles ne détourne les citoyens de la chose politique. Or, ainsi que l’exprime Chiang Chi-wen, un député catholique membre du Kouomintang, l’enjeu de ces élections est considérable. Arrivé au pouvoir à la faveur des précédentes élections, Chen Shui-bian et le DPP ont mis fin au règne ininterrompu du Kouomintang sur la direction des affaires du pays depuis 1949. Chiang Chi-wen estime que le président Chen, avec un bilan économique médiocre, a choisi de lancer un projet référendaire très controversé afin de détourner l’attention de l’opinion de son bilan à la tête de l’Etat. Ce faisant, poursuit Chiang Chi-wen, Chen Shui-bian joue un jeu dangereux avec la Chine populaire, très irritée de ce projet qui porte sur une adaptation du système de défense de Taiwan face aux missiles chinois et sur l’ouverture de négociations pour pacifier les relations entre l’île et la Chine communiste. Les observateurs notent cependant que les électeurs ne semblent pas accorder une importance considérable aux questions de sécurité, les sondages indiquant que le choix entre Chen Shui-bian et le DPP d’une part et l’alliance formée entre le Kouomintang et le People First Party de James Soong d’autre part se jouera sur d’autres critères.