Eglises d'Asie

Père, grand-père et arrière grand-père, un frère jésuite célèbre son centième anniversaire

Publié le 18/03/2010




Frère Yamashita Seijiro est jésuite. Né le 6 décembre 2003, il a récemment célébré le centième anniversaire de sa naissance mais ne se laisse pas impressionner par cette célébration. “C’est arrivé tout seul, naturellement confie-t-il, qualifiant l’événement d’un “Rien à signaler C’est pourtant entouré de trois de ses cinq enfants (deux étant déjà décédés), de ses six petits-enfants et de ses quatre arrières petits-enfants que Frère Yamashita a soufflé ces cent bougies. Marié à 31 ans, Yamashita Seijiro n’a été baptisé qu’à l’âge de 50 ans. Après la mort de sa femme, il fut, à titre exceptionnel en raison de son âgé déjà avancé, accepté comme novice chez les jésuites et fut affecté au service de l’entretien des maisons de la Société de Jésus.

Depuis tout jeune, la vie de Yamashita Seijiro n’a pas été facile. A 11 ans, il travaillait dans une boutique d’aliments secs à Tokyo, avant de trouver à s’embaucher comme mécano dans les salles de machines de cargos puis comme vendeur à Tsukiji, le grand marché aux poissons de Tokyo. Pendant la seconde guerre mondiale, il habitait à Tateyama, à l’est de Tokyo et travaillait dans une fonderie. Son premier contact avec l’Eglise eut lieu lorsque son syndicat, politiquement à gauche, le poussa à apprendre l’anglais. Les cours étaient donnés par un prêtre. Il se rappelle que, communiste, il essayait d’argumenter avec le prêtre mais finissait toujours par se mettre d’accord avec lui. “Le Père était un homme bien se souvient-il. Interrogé sur la raison de son baptême, Frère Yamashita répond, laconique : “Ca ne me semblait pas être une mauvaise idée.” Toute sa famille reçut le baptême avec lui.

Après la guerre, cependant, en raison de sa conversion, les voisins évitaient la famille, allant même jusqu’à l’écarter des simples pratiques habituelles de la vie sociale, comme, par exemple, ne pas lui faire passer le bloc note des annonces officielles qu’on se passe de maison à maison dans le quartier selon la coutume, pour que tout le monde soit au courant des affaires intéressant la communauté. Malgré tout, chef de famille catholique, il persévéra dans sa foi. Il a servi la messe tous les jours pendant treize ans, jusqu’à la mort de sa femme. Quand ses enfants eurent eux-mêmes fondé leur famille, il prit sa retraite. A l’issue d’une récollection, il réalisa qu’il aimerait travailler pour l’Eglise. “Une vie consacrée est très différente d’une vie de couple, dit le Fr. Yamashita. Les soucis séculiers ont disparu mais je ne dirai pas pour autant que la vie religieuse est facile.”

Aujourd’hui, il est le plus âgé des douze religieux qui vivent à Loyola House, une maison de retraite pour les jésuites âgés, située à l’ouest de Tokyo. Selon le Fr. Nishiyama Kei, responsable de la maison, le Fr. Yamashita est “le plus alerte de la bandese déplace avec une canne et aide souvent à la cuisine. Pour ses cent ans, ce résident centenaire avait exprimé un souhait. “Je voudrais aller à Tateyama”, a-t-il demandé En guise d’explication, il a seulement levé le petit doigt. Un geste qui, au Japon, désigne la “petite amie “C’est là qu’est enterrée ma femme a-t-il rappelé. A ceux qui cherchent à connaître le secret de sa longévité, le Fr. Yamashita conseille : “Ne vous tracassez pas. Ayez confiance en Dieu.”