Eglises d'Asie

Un message du vénérable Thich Huyên Quang affirme qu’au delà des méandres de la politique officielle, le bouddhisme unifié reste inébranlable

Publié le 18/03/2010




A l’occasion du premier jour de l’année lunaire du singe, le 22 janvier dernier, le vénérable Thich Huyên Quang, patriarche de l’Eglise bouddhiste unifiée, considérée comme illégale par le gouvernement, a envoyé un message de voux aux fidèles bouddhistes. Le religieux, aujourd’hui âgé de 86 ans, qui a passé vingt et une années de sa vie en résidence surveillée sans jugement, après une courte interruption après le mois d’avril 2003, est aujourd’hui de nouveau condamné à l’isolement depuis le 9 octobre 2003, date à laquelle il a été arrêté en compagnie de son second, le vénérable Thich Quang Dô, et d’autres dirigeants bouddhistes, pour avoir organisé dans le Binh Dinh une réunion qui a procédé à l’élection du nouveau directoire de son Eglise.

Le message reprend les événements marquants de l’année écoulée, à savoir la rencontre du patriarche avec le Premier ministre Phan Van Khai, le 2 avril 2003, sous le signe du libéralisme (1), et l’arrestation des principaux dirigeants du bouddhisme unifié au mois d’octobre, sous le signe de la répression. Le religieux voit dans cette succession contrastée une manifestation de la loi de la “non-permanence” : “C’est à cause de notre compréhension de la loi de la non-permanence que la féroce attaque lancée contre le bouddhisme unifié après la réunion au monastère de Nguyên Thiêu en octobre 2003 (2) n’a pas réussi à perturber sa direction. Tous nos responsables ont été placés en résidence surveillée, soumis aux vexations et à la répression. Le vénérable Thich Quang Dô et moi-même avons été obligés de vivre dans des conditions analogues à celles de la prison. Mais nous ne sommes pas intimidés. Nous avons déjà vécu des décennies de répression. Une agression de plus contre nous, aussi cruelle soit-elle, ne nous fera jamais abandonner notre détermination à garder notre foi et à protéger le peuple vietnamien.”

Le message exprime aussi la joie du patriarche de voir le bouddhisme unifié survivre et s’épanouir malgré les trente ans de répression du pouvoir communiste. Au cours des quelques jours de liberté qui lui ont été accordés après la rencontre avec le Premier ministre du 2 avril 2003, il a pu se rendre à Huê et dans quelques autres provinces où il a constaté que la foi des fidèles du bouddhisme unifié était restée inébranlable même s’ils ne déclarent pas toujours clairement leur adhésion. “Nos infrastructures, déclare le religieux, sont intactes.” Le religieux a également pris contact avec des religieux, adhérant autrefois au bouddhisme unifié, aujourd’hui rallié à l’Eglise bouddhiste du Vietnam, patronnée par l’Etat. Ceux-ci lui ont fait part de leur respect et de leur attachement à leur ancienne Eglise.

Le message du patriarche évoque également le sacrifice par le feu vénérable Thich Chan Hy aux Etats-Unis (3) en espérant que cette “torche de sagesse” éveille le gouvernement et le conduise à changer de politique. Le religieux exprime son désir de ne pas voir se renouveler de tels sacrifices. Le message demande ensuite au gouvernement de laisser le bouddhisme s’engager dans l’action sociale, un droit refusé jusqu’ici : “Le bouddhisme est venu sur cette terre pour purifier le monde et délivrer tous les êtres de la souffrance. Il ne peut se réduire à des sermons et des prédications…”