Eglises d'Asie

A Bangkok, la réunion biannuelle des sociétés missionnaires de vie apostolique a été placée sous le signe du “dialogue avec l’autre”

Publié le 18/03/2010




Tous les deux ans, les Sociétés missionnaires de vie apostolique (MISAL) de l’Eglise catholique participent à une réunion commune où elles partagent ce qui fait leur raison d’être, la mission “ad gentes auprès des non-catholiques, souvent au-delà de leurs frontières nationales, auprès de peuples, de cultures et de religions différents de leurs milieux d’origine. La rencontre, qui réunit une trentaine de ces instituts missionnaires, a eu lieu cette année en Thaïlande. Du 24 au 29 janvier dernier, à Samphran, à l’ouest de Bangkok, les délégués des Sociétés missionnaires d’Europe, d’Amérique et d’Asie (1) ont échangé sur la nécessité d'”entrer en dialogue” avec l'”autre” comme moyen de faire grandir l’humanité. Selon les termes d’un supérieur d’une de ces sociétés, “entrer en dialogue est déjà, en soi, la ‘Bonne Nouvelle'”.

Dans un continent, l’Asie, qui abrite 85 % des non-chrétiens vivant sur cette planète, l’importance du dialogue a été soulignée par tous les participants, qu’il s’agisse du “dialogue de vie” ou du dialogue interreligieux. Certains, tels le P. Bob McCahill, missionnaire américain de la société des Maryknoll, ont expliqué, photos à l’appui, comment ils vivaient le “dialogue de vie”. Missionnaire depuis 1975 au Bangladesh, pays très majoritairement musulman, le P. McCahill a décrit comment il tentait de vivre en ami et en frère aux côtés de ses voisins musulmans, offrant un témoignage silencieux des valeurs évangéliques de service et d’amour. Rendant service aux pauvres et aux malades, témoignant du respect pour la foi et la piété des musulmans et expliquant à ceux qui en font la demande la raison de sa présence, le prêtre américain s’est réclamé de l’héritage du Mahatma Gandhi, déclarant qu’“une vie de service dans la plus grande simplicité est la meilleure des prédications”. Pour le P. Gianbaptista Zanchi, supérieur de l’Institut pontifical des Missions Etrangères, basé à Milan, en Italie, le dialogue aide le missionnaire à “discerner ‘les semences de la Parole’ présentes dans les différentes cultures et religions”. Pour entrer dans ce dialogue, les qualités qui doivent être celles du missionnaire sont, entre autres, “l’intégrité de la foi et un témoignage de vie authentique”.

A propos du dialogue interreligieux, les délégués ont eu l’occasion d’aller à la rencontre du bouddhisme. Après une brève introduction au bouddhisme du petit véhicule (Theravada) donnée par le P. Jean Dantonel, prêtre des Missions Etrangères de Paris et supérieur de la Société missionnaire de Thaïlande (2), ils ont rendu visite à la pagode Santi Asoke et à la communauté bouddhiste qui y vit. Forte de quatre cents membres, cette communauté a la particularité de réunir des moines, des novices de sexe féminin, des laïcs célibataires ainsi que des couples mariés et des enfants qui, tous, mènent une vie selon les préceptes bouddhistes. La plupart des temples bouddhistes en Thaïlande abritent habituellement uniquement des moines et des novices de sexe masculin.

A l’issue de la rencontre, les délégués se sont rendus à Ayuthia où ils ont célébré la messe dans l’église fondée par Mgr Lambert de la Motte, arrivé en 1662 avec deux prêtres dans ce qui était alors la capitale du royaume du Siam. Avec la permission du roi Narai, le vicaire apostolique qui est à l’origine des Missions Etrangères de Paris y installa la Mission Saint Joseph et bâtit une église. C’est dans cette église, aujourd’hui restaurée et où le culte catholique a été célébrée sans interruption dupuis trois cent ans, que les délégués ont célébré la messe.