Eglises d'Asie

A l’approche des élections présidentielles du 10 mai prochain, Gloria Arroyo rouvre des négociations avec les guérillas musulmane et communiste

Publié le 18/03/2010




Au cours des deux dernières semaines du mois de janvier, la présidence de la République a annoncé coup sur coup la réouverture prochaine de négociations avec, d’une part, le Front moro islamique de libération (Moro Islamic Liberation Front, MILF), la principale formation rebelle musulmane du sud des Philippines à ne pas avoir conclu de trêve durable avec Manille, et, d’autre part, avec la NPA (New People’s Army), la guérilla d’inspiration communiste qui s’est signalé ces derniers temps pour avoir organisé le racket de candidats à la députation dans différentes circonscriptions électorales du pays.

S’agissant du MILF, la présidente Gloria Macapagal-Arroyo a annoncé à Manille le 20 janvier dernier que des pourparlers exploratoires allaient prendre place à Kuala Lumpur durant la seconde semaine de ce mois de février. Réunissant des représentants du gouvernement philippin et de la guérilla musulmane, ces pourparlers doivent préparer le terrain en vue des négociations véritables qui sont attendues depuis juin 2003, date de la proclamation d’un cessez-le-feu entre les deux parties (1). La Malaisie, qui propose sa médiation dans ce conflit depuis 2001, est une nouvelle fois très active dans ce nouveau développement, dont les derniers détails ont été fixés lors de la visite d’Etat de deux jours que le Premier ministre malaisien Abdullah Badawi a effectuée à Manille les 19 et 20 janvier dernier. D’après Eid Kabalu, porte-parole du MILF, les pourparlers de Kuala Lumpur porteront sur le déploiement à Mindanao d’une équipe d’observateurs placée sous contrôle malaisien et chargée de surveiller l’application de la trêve conclue en juillet 2003, une trêve que le MILF estime avoir été violée récemment par une série d’attentats à la dynamite non élucidés. Rappelant que la précédente tentative d’entamer des négociations de paix avait été ruinée par l’offensive lancée en février 2003 par l’armée philippine contre le camp de Buliok, une des principales bases, située au centre de Mindanao, de la rébellion musulmane, Eid Kabalu s’est montré très prudent quant à une éventuelle issue positive des pourparlers de Kuala Lumpur.

A propos de la New People’s Army, Gloria Arroyo a envoyé le 8 février dernier une équipe de négociateurs à Oslo, en Norvège, avec pour mission de rouvrir les pourparlers avec la guérilla communiste (2). Active depuis trente-cinq ans aux Philippines, revendiquant aujourd’hui une force armée de 8 800 membres, la NPA s’est déclarée prête à parlementer mais a démentie les espoirs de la présidence des Philippines selon laquelle un accord de paix pouvait être conclu d’ici au 10 mai 2004, date des élections présidentielles. L’objectif du 10 mai “n’est pas réaliste a affirmé Luis Jalandoni, chef du Front national démocratique, interviewé par une radio locale depuis son exil d’Utrecht, aux Pays-Bas. Le dirigeant du Front, bras politique de la NPA, a ajouté que la “lutte armée” continuera même durant le temps où les responsables politiques de la rébellion négocieront avec Manille.

Pour nombre d’observateurs locaux, le regain d’activité de la présidence sur le terrain des négociations avec les rébellions communiste et musulmane est motivé par des critères purement politiques, Gloria Arroyo ayant tout à gagner à apparaître comme ouvrant avec succès pour la paix. Si, pour les présidentielles du 10 mai prochain, les sondages lui donnent aujourd’hui un léger avantage sur son principal adversaire, l’acteur de cinéma Fernando Poe Jr., l’issue du scrutin est incertaine (3).