Eglises d'Asie

Assam : un diocèse catholique mobilise ses fidèles pour lutter contre les effets néfastes de l’excès de fluorure de sodium dans l’eau potable

Publié le 18/03/2010




La présence élevée de fluorure de sodium dans l’eau potable pose un problème médical grave en Inde. Il en résulte un apport excessif en minéraux produisant des effets néfastes sur les os et les dents et entraînant une maladie appelée fluorose, qu’une mauvaise alimentation et un manque de calcium et de vitamines ne peuvent manquer d’aggraver. La fluorose sévit plus particulièrement dans une région de l’Etat de l’Assam, plus précisément dans les deux districts de Karbi-Anglong et de North Cachar Hills qui correspondent au diocèse catholique de Diphu. Dans cette région, la population de 90 000 habitants, appartenant pour leur majorité à des ethnies pauvres, est gravement affectée par la fluorose.

C’est en 1999 qu’une enquête menée par le gouvernement a établi que l’eau puisée dans les puits profonds du pays contenait 23 milligrammes de fluorure par litre. Selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la limite permise par litre est seulement d’un milligramme. Or ce sont plusieurs générations qui ont bu de cette eau et ont donc subi ses effets pernicieux avant que des études sérieuses ne soient faites. Ce haut niveau de fluorure est certes un phénomène naturel dans la région mais, selon Amalendu Bikash Paul qui est fonctionnaire de la Santé publique et a conduit l’enquête, il semble bien que ce taux se soit élevé encore lorsque la population est venue s’établir dans de nouvelles agglomérations et de nouveaux villages, troublant ainsi le fragile écosystème local.

Amalenku Bikash Paul affirme que, même s’il n’est pas possible de revenir sur les différentes malformations physiques causées par l’absorption de l’eau contaminée par l’excès de fluorure, divers moyens sont susceptibles d’en neutraliser les effets, comme par exemple la consommation de produits laitiers et d’aliments riches en certaines vitamines, qui empêche la maladie de se développer. Les médicaments et un régime alimentaire spécial constituent aussi un traitement préventif, à condition que les intéressés s’abstiennent désormais de consommer l’eau des puits suspects.

Voilà quatre ans que les services sociaux diocésains, dirigés par le P. Paul Mattekatt, ont pris conscience de la situation et se sont donnés comme mission d’assister les fidèles du diocèse en ce domaine. Les divers responsables diocésains, à commencer par l’évêque, se sont efforcés de mobiliser leurs fidèles dans une lutte commune contre le fléau local au moyen de carrefours, séminaires et autres programmes de plus longue durée. La mobilisation a porté surtout le traitement des nombreux troubles de santé au sein de la population locale dus à l’eau contaminée et sur la régénération des eaux potables de la région.

Les services sociaux diocésains s’activent, par exemple, dans le village de Risso Rongpi Arong, un village affecté par la fluorose. Ils y ont fondé de nombreux groupes d’action, qu’ils ont instruits avec soin à propos des aspects médicaux, écologiques et communautaires de la consommation d’eau potable. Ils soutiennent un programme de mobilisation parrainé par l’UNICEF et destiné aux médecins, aux ingénieurs, aux agents de santé, aux enseignants et aux divers responsables villageois. Il est aussi dans les intentions des services sociaux d’assurer un diagnostic rigoureux de l’état de santé de la population afin de mieux traiter les diverses malformations, en particulier, grâce à la création d’un service spécial à l’hôpital catholique de Diphu.

Les efforts de l’Eglise ont porté du fruit puisque les services sociaux diocésains ont déjà été agréés comme membre à part entière du programme gouvernemental de lutte contre la fluorose. En outre, il est envisagé que l’hôpital catholique de Diphu se spécialise dans le traitement de cette maladie.