Eglises d'Asie

Deux pasteurs protestants, figures historiques du mouvement des Eglises domestiques au Vietnam, exilés aux Etats-Unis, sont renvoyés dès leur tentative de retour au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement vietnamien vient de signifier à deux pasteurs évangélistes vietnamiens, en exil aux Etats-Unis depuis quelques temps, qu’ils étaient indésirables dans leur pays alors que ceux-ci, munis d’un visa d’entrée en règle, posaient à peine le pied sur le sol de l’aérogare de Tân Son Nhât, desservant la ville de Hô Chi Minh-Ville. Il s’agit là de deux figures historiques du protestantisme vietnamien, pionniers du mouvement des Eglises domestiques au Vietnam.

Le pasteur repoussé du Vietnam le plus récemment a été le pasteur Hô Hiêu Ha arrivé par avion à Tân Son Nhât en compagnie de son épouse, le 7 février dernier à 11 h 40. Le couple a été gardé dans l’enceinte de l’aéroport environ trois heures puis placé de force dans un avion en partance pour Taiwan. Le Rd Hô Hiêu Ha, revenu dans son pays natal afin d’y rendre visite à sa mère âgé de 89 ans, s’est entendu signifier que sa présence était indésirable pour des raisons de “sécurité nationale”. Le frère du pasteur, également pasteur, organisateur du voyage, a sollicité de la police qu’à défaut de permettre au pasteur exilé de se rendre dans le Quang Nam pour voir sa mère, elle autorise celle-ci à venir jusqu’à Saigon pour rencontrer son fils. La requête a été immédiatement repoussée.

Le pasteur Hô Hiêu Ha était bien connu à Hô Chi Minh Ville où il desservait le temple de la rue Trân Cao Van dans le premier arrondissement. Il avait été arrêté au mois de décembre 1983. Quatre ans plus tard, le 27 août 1987, avec son confrère, le Rd Nguyên Huu Cuong, il comparaissait devant le tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville qui le condamnait pour propagande anti-révolutionnaire (1). C’est le 12 janvier 1990 que les deux pasteurs Hô Hiêu Ha et Nguyen Huu Cuong “avaient été exilés contre leur gré, aux Etats-Unis (2). A leur arrivée à Los Angeles, ils déclaraient avoir été expulsés par leur gouvernement, ayant eu à choisir entre la prolongation de leur peine et le départ aux Etats-Unis. Ils avaient également informé la presse américaine qu’avant leur départ du Vietnam, ils avaient refusé de signer un engagement à ne jamais revenir au Vietnam. Ils s’étaient contentés de promettre de ne pas s’y présenter sans autorisation des autorités.

La même mésaventure était advenue un peu plus tôt, au moment des fêtes du Nouvel an lunaire (22 janvier 2004) au pasteur Trân Dinh Ai qui lui aussi a été renvoyé vers son pays d’exil, à peine avait-il mis le pied hors de l’avion. Le pasteur Trân Dinh Ai avait quitté le Vietnam avec sa famille pour les Etats-Unis au cours du mois de décembre 1999 (3). Il devait accomplir un ministère pastoral en Virginie dans le cadre du mouvement des “Assemblées de Dieu ministère qui, selon une source, devrait durer trois ou quatre ans. On apprenait cependant qu’il n’avait pas sollicité le droit d’asile.

Après le changement de régime de 1975, les rapports du pasteur Ai et des nouvelles autorités révolutionnaires ont toujours été particulièrement difficiles à cause de son engagement au service des Eglises domestiques de Hô Chi Minh-Ville et de ses contacts avec les Eglises pentecôtistes à l’étranger. Cela lui valut une première arrestation dès le 27 février 1991. Condamné à une peine de trois ans de camp par mesure administrative et sans procès, il avait été libéré le 6 avril 1993 (4).

En octobre 1998, le pasteur avait spécialement irrité le gouvernement lorsque, seul parmi les personnalités religieuses non liées au gouvernement, il avait rencontré le rapporteur spécial de la Commission de l’ONU sur la question de l’intolérance religieuse, Abdelfattah Amor, dont le rapport avait durement critiqué la politique religieuse en vigueur au Vietnam (5).

On avait de nouveau mentionné son nom, à l’occasion de son arrestation par la police de Hanoi, avec une vingtaine d’autres personnes, le 7 mai 1999, lors d’une session biblique tenue dans un hôtel de la capitale vietnamienne (6). Il avait été libéré le 4 juin suivant après avoir payé une amende d’un million de dôngs (58 euros) et la facture de ses frais de séjour forcé à l’hôtel.