Eglises d'Asie

En recevant les lettres de créances du nouvel ambassadeur de Taiwan près le Saint-Siège, le pape renouvelle son appel à la paix et à la liberté religieuse

Publié le 18/03/2010




En accueillant le nouvel ambassadeur taiwanais auprès du Saint-siège, le pape Jean-Paul II a tenu à féliciter le gouvernement de Taiwan pour son attitude positive à l’égard des religions et pour son ouvre dans le domaine social et humanitaire. Le pape en a profité pour souligner que le « le bien de la société » exige que « la liberté religieuse soit garantie et protégée avec efficacité par le droit ».

L’ambassadeur de la République de Chine, Tou Chou-seng, âgé de 62 ans, a présenté ses lettres de créance le 30 janvier dernier dans la bibliothèque privée du pape au Vatican. Le diplomate a transmis les « salutations les plus chaleureuses » du président Chen Shui-bian qui, a-t-il dit, « a été profondément ému et inspiré » par la lecture du message du pape pour la ‘Journée mondiale de la paix’, célébrée par l’Eglise catholique chaque 1er janvier. Il a fait tout particulièrement allusion à la déclaration du pape assurant que si les hommes échouaient « à se doter de moyens pratiques et efficaces pour mettre fin aux souffrances engendrées par la guerre, nous risquerions de voir le pouvoir militaire vaincre le droit ».

Selon l’ambassadeur, le souci du pape au sujet de « la paix dans le détroit de Formose » et pour « les populations de part et d’autre du détroit » fait l’admiration de tous, tout autant que ses prières « pour une compréhension réciproque et la réconciliation de tous les membres de la grande famille chinoise ».

Dans sa réponse, le pape a affirmé que le Saint-siège était « motivé par une immense sollicitude pour le bien-être de chaque homme ». Pour cela, « il est important que toutes les sociétés s’efforcent de donner à leurs citoyens la liberté nécessaire pour réaliser pleinement leur vraie vocation ». Cela requiert de la nation « un ferme engagement au service de la liberté » et « en premier lieu, de la liberté religieuse a déclaré le pape. « La République de Chine a montré son respect envers les différentes traditions religieuses de son peuple et sa reconnaissance du droit de chacun à pratiquer sa religion a-t-il encore affirmé. En soulignant « l’importance des questions les plus profondément humaines le pape a expliqué que « les religions contribuent largement au véritable progrès de la société et encouragent de manière incontestable une culture de la paix tant au niveau national qu’international ».

Le pape a également cité l’Eglise catholique de Taiwan comme ayant contribué généreusement au développement social et culturel de la population, particulièrement par « son engagement dans le domaine de l’éducation, de la santé publique et de l’entraide sociale ». Il a souligné que la tâche d’un gouvernement était de faire tout son possible pour « soulager la pauvreté » et recommandé que « tout soit mis en ouvre pour que soit gardé le contact avec les laissés pour compte du pays » et du monde entier. A ce sujet, il a loué le gouvernement de Taiwan pour « ses nombreuses et excellentes activités caritatives au niveau international, particulièrement dans les pays en voie de développement ». Jean-Paul II a fait aussi observer que plus de la moitié de la population en Asie souffrait de privation, de pauvreté et d’exploitation.

L’ambassadeur de Taiwan auprès du Saint-Siège dirige la seule mission diplomatique de l’île en Europe tandis qu’un chargé d’affaires dirige la mission du Saint-Siège à la nonciature apostolique de Taipei. La Chine demande au Saint-Siège de rompre ses relations avec Taiwan, comme condition préalable à tout pourparler en vue d’un éventuel accord entre Pékin et le Saint-Siège. En février 1999, le secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Angelo Sodano, avait déclaré que le Saint-Siège était prêt à transférer « du jour au lendemain » sa nonciature de Taipei à Pékin si les relations entre les deux pays se normalisaient. Selon certaines sources émanant du Vatican et de spécialistes religieux, la question de la liberté religieuse en Chine serait le véritable obstacle à la normalisation (1).

Le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, évêque de Kaohsiung à Taiwan, a affirmé en 2002, à l’occasion d’un symposium marquant le soixantième anniversaire des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la République de Chine que le Vatican envisageait une amélioration des relations entre Pékin et le Saint-Siège à la seule condition que le gouvernement de Pékin garantisse une véritable liberté religieuse.