Eglises d'Asie – Inde
La communauté sikh de l’Inde proteste auprès du Saint-Siège et des Nations Unies contre l’obligation faite aux écoliers sikhs en France d’abandonner leur turban
Publié le 18/03/2010
Le 4 février dernier, la plus haute instance religieuse sikh, le Comité Shiromani Gordwara Prabandhak, s’est adressé aux Nations Unies pour qu’elles demandent à toutes les nations et spécialement à la France de protéger les fidèles de la religion sikh. Dans sa lettre, le responsable du Comité s’est référé à la déclaration adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, le 25 novembre 1981, appelant à l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion et la croyance. De son côté, le président, de religion sikh, de la Commission nationale de l’Inde pour les minorités religieuses, Tarlochan Singh, a envoyé différentes requêtes auprès du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux ainsi qu’à d’autres organismes du Saint-Siège.
Les responsables sikhs se sont réjouis de voir leurs appels entendus de Rome où plusieurs congrégations ont répondu à leurs appels. Ils ont, en particulier, souligné que divers passages du discours de Jean-Paul II prononcé devant les représentants du corps diplomatique, le 12 janvier dernier, à l’occasion de l’échange de voux du Nouvel an, étaient, en fin de compte, des réponses à leur requêtes. Ils ont relevé en particulier le passage suivant : “Les croyants attendent légitimement de prendre part au dialogue public. Malheureusement, il faut noter que ce n’est pas toujours le cas. Ces derniers temps, nous avons été témoins en certains pays d’Europe d’une attitude qui fait courir des risques au respect effectif de la liberté religieuse.” Un autre passage a retenu l’attention des dirigeants sikhs, affirmant que “ce n’était rien d’autre que le respect de toutes les croyances de la part de l’Etat qui assurerait le libre exercice des activités spirituelles, culturelles et caritatives des communautés de croyants” (1).
Dans les milieux populaires sikhs en Inde, on se plaint amèrement de cette incompréhension manifestée par le monde occidental à l’égard d’une communauté religieuse qui y séjourne dans la discrétion et la paix, fidèle à sa devise : “Accomplis ton travail, partages-en le fruit et médite sur le Nom.” On fait remarquer que déjà au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, certains Américains avaient assimilé le turban des sikhs au couvre-chef porté par les dirigeants musulmans, en particulier celui d’Oussama ben Laden. D’une façon générale, la décision française a stupéfait les fidèles sikhs indiens : “Peut-être, remarque le président de la Commission pour les minorités, les auteurs de la décision ont-ils oublié la présence de 7 000 sikhs en France et de leur obligation de porter un turban !” Plusieurs fidèles sikhs ont déjà reçu les confidences de leur parenté établie en France leur affirmant que, si l’interdiction portée par le gouvernement français incluait les turbans, ils retireraient leurs enfants de l’école.
Le sikhisme a été fondé au XVe siècle dans la région du Pendjab par Guru Nanak qui a repris certaines valeurs de l’hindouisme et de l’islam, mais rejeté les injustices sanctionnées par la religion, l’inégalité des sexes et la discrimination sociale. Le turban fait partie de l’ensemble des cinq éléments prescrits pour la tenue des hommes par le Guru Gobing Singh. Il est destiné à couvrir les cheveux (kesh), qui en tant que don de Dieu ne doivent pas être taillés. Les autres éléments sont le peigne (kanga), porté à tout moment et symbole de la propreté, le karra, bracelet rond signifiant les liens noués entre les sikhs et leurs gourous, le karra, pantalons courts, symbole de la continence et le kirpan, courte épée seulement employée pour la légitime défense.