Eglises d'Asie

LA SOCIETE DES MISSIONS ETRANGERES DE COREE

Publié le 18/03/2010




Pourquoi la Société des Missions Etrangères de Corée a-t-elle été établie ?

P. Augustine Kim Myong-dong : Elle a été fondée en 1975. Notre fondateur est l’ancien évêque de Pusan, Mgr John Choi Jae-son. A cette époque, personne ne songeait à fonder une société missionnaire au sein de l’Eglise de Corée. Mgr Choi a été le premier à penser à la mission tournée vers l’étranger. La spiritualité qui se trouve à la base est que nous devons penser aux autres Eglises. L’Eglise de Corée a été fondée par des Coréens mais, après ce début, de nombreux missionnaires sont venus en Corée et nombre d’entre eux ont été martyrisés, tels un certain nombre de prêtres de la Société des Missions Etrangères de Paris. Les missionnaires ont malgré tout continué à venir. Ainsi je peux dire que l’Eglise de Corée a été établie par des missionnaires. En gratitude à leur égard, nous avions à faire quelque chose. C’est pourquoi Mgr Choi a créé une société missionnaire.

Comment concevez-vous la mission ?

Depuis le début de l’Eglise catholique, il y a eu des missionnaires parce que Jésus a donné mission à ses apôtres d’aller à l’extérieur et de répandre l’Evangile à toute la création. Aujourd’hui, nos anciens missionnaires, qui sont venus de l’Occident, se font vieux et leur nombre décroît. On ne voit plus de jeunes missionnaires occidentaux. Notre société missionnaire rend grâce à ces anciens missionnaires. En tant que jeune société et que jeunes missionnaires, nous assumons cette tradition missionnaire. Nous essayons de maintenir vivante cette tradition. En même temps, nous voulons faire quelque chose pour l’Eglise coréenne. Il y a trente ans, l’Eglise coréenne ne pouvait pas penser à la mission au-delà des frontières mais, désormais, les choses ont changé. Bien que notre expérience soit encore très courte, c’est une expérience très importante pour notre Eglise. Nous voulons partager notre expérience de la mission à l’étranger avec l’Eglise de Corée. C’est ce que nous aimerions faire.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Nous avons besoin d’acquérir de l’expérience. Nous sommes une jeune société. L’an prochain, nous célébrerons notre trentième anniversaire. De plus, au début, des prêtres et des évêques disaient qu’il n’était pas encore temps d’envoyer des missionnaires coréens à l’étranger. Ils disaient que l’Eglise en Corée avaient besoin de plus de personnel dans le pays lui-même. Peu à peu, cette mentalité a évolué. Aujourd’hui, ils ne rejettent pas l’idée de la mission à l’étranger. C’est bon signe. Mais de nombreux laïcs dans le pays ne connaissent pas ne serait-ce que l’existence de notre société missionnaire. Nous essayons de nous faire connaître dans les paroisses.

Quelle approche votre société a-t-elle de la mission ?

Les temps, aujourd’hui, ne sont pas faciles pour les missionnaires car les gens sont attachés à différents types de valeurs. Nous nous demandons souvent quelles méthodes adopter pour l’évangélisation. Pour moi personnellement, l’attitude de base est le partage. Les erreurs commises par les missionnaires dans le passé nous enseignent que nous ne devons pas proposer des biens matériels aux populations auprès de qui nous sommes. Nous ne devons pas inciter les gens à nous rejoindre en leur offrant des avantages matériels. En fait, nous devons apprendre et recevoir des populations locales. Ce point est très important. J’ai beaucoup appris des peuples et des personnes dans les différents pays où j’ai servi. En tant que missionnaire, je dois en premier lieu apprendre des gens leur culture ; ensuite, je peux partager la Bonne Nouvelle ainsi que mes pensées et mes idées. Les missionnaires doivent écouter les autres, s’ouvrir à la culture locale, à la civilisation et à la vie telle qu’elle est vécue. Seulement après peuvent-ils partager leur foi.

Qui appartient à votre société et où sont-ils envoyés ?

Nous avons en ce moment 45 prêtres et 31 séminaristes. Nous n’avons pas de laïcs missionnaires. Il existe une société missionnaire de religieuses coréennes fondée elle aussi par notre fondateur, Mgr Choi, mais nous n’entretenons pas de lien avec elle. Pour l’heure, nous avons envoyé nos membres dans cinq pays et territoires de la région Asie-Pacifique. En premier lieu se trouve la Papouasie-Nouvelle Guinée avec huit prêtres. Puis Taiwan avec six prêtres. Nous avons aussi sept membres en Chine continentale. Il y a trois ans, certains d’entre nous sont partis en Russie, à Irkoutsk, et au Cambodge. Il y a deux prêtres dans chacun de ces deux derniers pays. En octobre 2004, nous prévoyons d’envoyer des membres en Afrique – peut-être au Kenya, en Tanzanie ou au Tchad. Mis à part les prêtres qui travaillent à la maison centrale à Séoul et ceux qui sont dans notre maison de formation, nous n’avons pas de prêtres qui travaillent dans le pays, en Corée.

Comment choisissez-vous les territoires de mission ?

En Papouasie-Nouvelle Guinée, au Cambodge, à Taiwan et en Russie, les évêques locaux nous ont invités à envoyer certains de nos membres pour travailler dans leurs diocèses. Ce n’est pas le cas en Chine où nous avons initié la mission de nous-mêmes.

Quelle est l’action de vos missionnaires en Chine ? Rencontrent-ils des problèmes ?

Il y a de nombreuses possibilités dans ce pays mais pas en tant que « missionnaires » et pas au nom de l’Eglise. Il existe de nombreuses formes de travail social. La Chine change. Certains de nos prêtres vivent dans de petits appartements. Ils essaient de trouver un travail comme ils peuvent. Par exemple, l’un d’entre eux travaille avec les gens qui ont attrapé la lèpre. J’ai été envoyé là-bas en 1996 en tant que premier prêtre de notre société à aller en Chine. Au fond, cela ne pose pas de grande difficulté pour nous d’être là-bas. Généralement, les autorités savent qui nous sommes et ils ne s’en soucient pas aussi longtemps que nous ne travaillons pas en tant que missionnaires.

Votre société a-t-elle son propre séminaire de formation ?

Non. Nos séminaristes intègrent le séminaire du diocèse de Suwon. Ils viennent de tout le pays. Avant d’entrer au séminaire, ils doivent décider s’ils veulent ou non devenir missionnaires. Ils doivent décider que c’est là ce qu’ils veulent en premier lieu.