Eglises d'Asie – Vietnam
Le Grand séminaire de Nha Trang ouvre une classe de formation pour les prêtres non autorisés par le gouvernement et les séminaristes d’un certain âge
Publié le 18/03/2010
Mgr Nguyên Van Hoa, évêque du lieu et président de la Conférence épiscopale, avait, comme c’est l’usage, demandé au gouvernement l’autorisation d’ouvrir une nouvelle classe, une autorisation qui lui avait été donnée dès la fin de l’année dernière. Plus tard, le 8 janvier dernier, il avait soumis au Bureau gouvernemental une liste de soixante-six étudiants éventuels, âgés de 31 à 65 ans. Cette liste avait été sélectionnée par les évêques de huit diocèses et était formée de quarante-quatre séminaristes et de vingt-deux prêtres « illégaux ». Cependant, selon des informations données par le directeur du séminaire, le jour de l’ouverture de la classe, le 30 janvier dernier, les autorités civiles n’avaient encore donné leur acceptation que pour trente-huit candidats sur soixante-six. Parmi les prêtres clandestins acceptés par le gouvernement pour cette nouvelle formation, certains sont originaires du diocèse de Hung Hoa, au Nord-Vietnam, d’autres viennent de Phan Thiêt, de Dalat et de Phu Cuong.
Dix-sept prêtres clandestins du diocèse de Bui Chu, au Nord, qui avaient été proposés pour la classe spéciale de Nha Trang et formaient la majorité des candidats prêtres, n’ont pas été, à ce jour, acceptés par les autorités civiles. Ils avaient été ordonnés par l’évêque de l’époque, Mgr Vu Duy Nhât, décédé en décembre 1999 (1). Auparavant, ils avaient reçu une formation sacerdotale clandestine à Hô Chi Minh-Ville, dispensée par des prêtres du diocèse. Après leur ordination, ils avaient exercé leur ministère secrètement dans diverses paroisses dépourvues de curé, passant de poste en poste car la police ne les autorisait pas à résider dans une paroisse ou à célébrer la messe ouvertement.
Un prêtre de Bui Chu, qui a demandé à garder l’anonymat, s’est exprimé d’une façon originale sur ce même sujet. Selon lui, il aurait été beaucoup plus important d’admettre dans la nouvelle formation les séminaristes « âgés » de son diocèse plutôt que les prêtres « illégaux ». Il a expliqué que les prêtres ordonnés sans autorisation du gouvernement étaient de toute façon reconnus par l’Eglise et, en fin de compte, arrivaient à exercer discrètement leur ministère dans les paroisses sans trop de difficultés.
En 1993, le séminaire « Etoile de la mer » avait déjà ouvert une classe de recyclage théologique de ce type destinée au diocèse de Nha Trang et aux diocèses limitrophes. Elle avait permis à des séminaristes ayant abandonné leur cursus de formation en 1975, au moment de la fermeture des séminaires, d’accéder enfin au sacerdoce. La situation générale au Vietnam a considérablement changé par rapport à cette époque. Selon les statistiques recueillies au moment de l’Assemblée des évêques en 2003, pour tout le pays, les grands séminaristes sont aujourd’hui au nombre de 1 295, les candidats au séminaire au nombre de 1 611 tandis les prêtres ont atteint le nombre de 2 694.