Eglises d'Asie

Moluques : les responsables civils et religieux de la province affirment ensemble que la réconciliation entre musulmans et chrétiens passe par la reconstruction économique et sociale

Publié le 18/03/2010




“Nous, les représentants des diverses traditions religieuses, organismes publics et organisations civiles [des Moluquesréaffirmons notre engagement très ferme en faveur du processus de réconciliation dans les îles Moluques et entendons adopter toutes les mesures à notre disposition pour renforcer la paix, la stabilité, l’amitié réciproque, la confiance et le respect entre les deux communautés, musulmane et chrétienne, aux Moluques.” Tels sont les termes du communiqué publié à l’issue d’une rencontre organisée à Londres, au Royaume-Uni, du 19 au 28 janvier dernier, entre les principaux responsables civils et religieux des Moluques. Pour ces responsables, il s’agit, près de deux ans après la signature, en février 2002, du traité de paix entre musulmans et chrétiens qui a mis fin aux combats ayant ravagé cette province de janvier 1999 à janvier 2002, de consolider la paix en ancrant la réconciliation sur la reconstruction tant sociale qu’économique de la province.

La rencontre a eu lieu à Londres où les responsables moluquois étaient invités par l’IICORR (International Islamic-Christian Organization for Reconciliation and Reconstruction), une structure placée sous l’égide de la baronne Caroline Cox, membre de la Chambre des Lords, ainsi que par le ministère des Affaires étrangères britannique. L’IICORR, qui a son siège à Londres, a officiellement établi une représentation à Amboine, chef-lieu de la province des Moluques, où un “Comité des Moluques” sera responsable du suivi des décisions prises dans la capitale britannique.

Réunissant des responsables religieux tels que Mgr Petrus Mandagi, évêque du diocèse catholique d’Amboine, le pasteur Izac Hendricks, président du Synode protestant des Moluques, les oulémas Thamrin Ely et Nasir Rahawarin, des responsables de l’administration locale tels que Marcus Jacob Papilaja, maire d’Amboine, et des responsables de communauté tels les rajas (chefs de village) de Kailolo, de Tulehu, de Passo ou de Souhoku, la rencontre a permis la rédaction d’un plan d’action.

En premier lieu est mis en avant l’importance de la participation des chefs traditionnels des villages à travers la revitalisation de l’“adat le droit coutumier. L’objectif est que l’administration locale prenne en compte la réalité de afin que les règlements qu’elle produit ne s’inscrivent pas en contradiction avec les us et coutumes locaux. De même, les programmes scolaires devront faire une place à l’enseignement de la culture et des traditions des Moluques.

Sur le plan social, les délégués ont insisté sur la nécessité de fournir à la population des structures et des moyens dans le domaine de la santé et de l’instruction, jusqu’au niveau universitaire. L’action des ONG locales et internationales devra être mieux coordonnée afin de faciliter la réinsertion des réfugiés et des orphelins. Sur le plan économique, l’accent a porté sur la mise en place d’infrastructures pour développer la petite industrie dans les domaines de la pêche et du bois ainsi que le commerce. La restauration des réseaux de distribution d’eau a été inscrite au rang des priorités. Sur le plan civique, le document propose de lancer une campagne d’information pour instruire les Moluquois de leurs droits. Sur le plan de la sécurité, un appel a été lancé pour renforcer les forces de police et diminuer progressivement la présence de l’armée.

La rencontre a enfin précisé le rôle du “Comité interreligieux créé en décembre 2003 et formé de six délégués – deux pour le diocèse catholique d’Amboine, deux pour l’Eglise protestante des Moluques et deux pour les représentants locaux du Conseil des oulémas d’Indonésie. Le rôle des responsables religieux, dit le document, consiste à créer et répandre une conscience des dangers et des dommages dus à la violence et à la haine, en enseignant une culture constructive du dialogue et de la paix. Une ONG a été créée, la “Coopération interreligieuse pour l’humanité avec pour objet de mener des programmes spécifiques en direction des enfants, des jeunes, des femmes et des familles et pour mission de tuer dans l’ouf les éventuels incidents nés de tensions interreligieuses.