Eglises d'Asie

Deux neveux du P. Nguyên Van Ly ont été libérés de prison après avoir entièrement purgé leur peine de prison

Publié le 18/03/2010




Les deux neveux du P. Nguyên Van Ly, Nguyên Truc Cuong et Nguyên Vu Viêt, ont été libérés de prison, à cinq jours d’intervalle, au terme de la peine de trente-deux mois de prison, qui leur avait été imposée en appel, le 28 novembre 2003 (1). Le premier des deux, Nguyên Truc Cuong, est revenu chez lui à Quang Biên dans le Dông Nai, le 13 février 2004. Le second, Nguyên Vu Viêt, a reçu son billet de levée d’écrou le 18 février 2004. Il est immédiatement rentré dans le diocèse de Phu Cuong où il vivait et avait de nombreuses relations avant son arrestation. Mme Nguyên Thi Hoa, également nièce du P. Ly, avait été condamnée en appel à quatre mois et six jours de prison, durée qui était celle de sa détention préventive. Elle était donc libre à l’issue du procès en appel.

Les deux neveux du P. Ly ont donc purgé l’intégralité de leur peine. Ils avaient, en effet, été respectivement arrêtés le 13 et le 18 juin 2001. Les parents du prêtre dissident avaient d’abord été officiellement accusés d’espionnage, un crime qui, selon le code pénal, est passible d’une peine de prison à perpétuité voire de la peine de mort. Cette charge était contenue dans un acte d’accusation émanant du parquet populaire suprême et signé du procureur Nguyên Manh Viên (2). Un nombre considérable de faits y étaient retenus contre les trois accusés. Des comptes-rendus d’écoute téléphonique et de surveillance du courrier électronique faisaient état des rencontres des trois frères et soeur avec le P. Nguyên Van Ly, ainsi que des services qu’ils lui ont rendus comme messagers et intermédiaires. L’accent était mis sur les relations entretenues par les accusés avec certains personnages et organisations considérées par la police comme des organisations réactionnaires de Vietnamiens aux Etats-Unis.

Cependant, cédant, sans doute, en partie à la pression exercée par diverses organisations et gouvernements étrangers, les autorités judiciaires ne tardèrent pas à revenir sur cette première accusation. Le 1er juillet 2003, la commission de sécurité et d’enquête du ministère de la Sécurité publique proposa au Parquet populaire que les trois neveux du P. Ly ne soient poursuivis que pour abus de la liberté démocratique (3). Après avoir été remis plusieurs fois à une date ultérieure, le procès eut lieu le 10 septembre 2003 à Hô Chi Minh-Ville (4). Après des débats de courte durée, les accusés furent tous condamnés à des peines de prison fermes pour “avoir abusé de la liberté démocratique et porté tort aux intérêt légaux du pays”. Mme Nguyên Thi Hoa a écopait de trois ans, Nguyên Truc Cuong de quatre ans et Nguyên Vu Viêt de cinq ans. Gouvernements, organisations internationales des droits de l’homme redoublèrent alors de protestations, obligeant les autorités civiles à changer d’attitude une fois de plus. Lors du procès en appel, le 28 novembre 2003, les trois neveux qui, comme pour le précédent procès ne purent bénéficier de l’assistance d’un avocat, obtinrent de considérables réductions de peine. Nguyên Vu Viêt vit sa peine réduite de cinq ans à deux ans et huit mois. La peine de Nguyên Truc Cuong était réduite de quatre à deux ans et huit mois de prison. Mme Nguyên Thi Hoa n’était plus condamnée qu’à quatre mois et six jours (5).

On ne peut pas douter de l’influence exercée en cette affaire par l’opinion internationale, à laquelle le Vietnam est particulièrement sensible en ce temps de difficultés économiques de toutes sortes. Cependant on reste troublé par ce changement de nature de l’accusation qui d’un délit passible de peine de mort est passée, sans justification raisonnable, à un simple abus de la liberté démocratique.

L’oncle des dissidents récemment libéré, le P. Thaddée Nguyên Van Ly, l’animateur d’une campagne pour la liberté religieuse, est aujourd’hui en camp d’internement après avoir été arrêté le 17 mai 2001 (6) et condamné, le 19 octobre suivant, à quinze ans de prison fermes suivis de cinq années de résidence surveillée (7). Le 17 juillet 2003, les autorités annonçaient officiellement que sa peine était réduite de cinq ans (8).