Eglises d'Asie – Taiwan
L’Eglise catholique demande au président de la République de faciliter l’obtention de permis de résidence aux missionnaires étrangers présents dans l’île
Publié le 18/03/2010
Selon Mgr James Liu Tan-kuei, évêque auxiliaire de Taipei, la question des visas et des permis de résidence pour les missionnaires est un dossier ancien, discuté à plusieurs reprises ces dernières années avec le ministère de l’Intérieur. L’Eglise estime difficile que la plupart des missionnaires étrangers présents à Taiwan doivent chaque année renouveler leur permis de résidence, quand bien même certains d’entre eux vivent à Taiwan depuis des décennies. Il existe des cas, loin d’être rares, où des missionnaires ont oublié de renouveler leur permis et ont dû quitter Taiwan pour présenter une nouvelle demande d’admission. « De nombreux missionnaires âgés ont consacrés leur vie à Taiwan et sont plus Taiwanais que les Taiwanais. Ils sont à l’origine de nombreux services sociaux, pour les personnes âgées et les handicapés notamment a souligné Mgr James Liu.
Selon l’annuaire 2001 de l’Eglise catholique à Taiwan, la présence missionnaire dans l’île est loin d’être anecdotique. Pour 339 prêtres chinois, on compte 325 prêtres non chinois, soit une proportion de un pour un. Pour les religieuses et les frères, le rapport est de deux pour un (70 frères chinois pour 33 frères étrangers, 772 religieuses chinoises pour 306 religieuses étrangères). Parmi les missionnaires étrangers, environ la moitié est âgée de plus de 50 ans. Selon la législation actuelle, les missionnaires peuvent demander un Certificat permanent de résident étranger dès l’instant où ils ont été titulaires légalement et de façon continue d’un Certificat de résident étranger pendant plus de sept ans. Grace Chou En-en, qui supervise les demandes de visa auprès de l’administration pour les religieuses étrangères de sa congrégation, les Sours du Cour immaculé de Marie, le statut de résident permanent s’avère si compliqué à obtenir que, dans la pratique, peu de missionnaires en font la demande. La plupart choisissent de renouveler leur Certificat de résident étranger, une formule plus simple mais qui présente des inconvénients.
S’agissant de l’entrée de nouveaux missionnaires, l’Eglise estime que les mesures prises par les autorités pour tenter de prévenir un afflux de travailleurs immigrés jugés indésirables compliquent singulièrement l’arrivée de missionnaires originaires d’Indonésie, des Philippines ou du Vietnam. Le P. Raimondo Yang Chia-men, supérieur pour Taiwan des camilliens (Ordre de Saint Camille), explique que « par exemple, les autorités ont requis que quatre frères philippins (des séminaristes) soient d’abord ordonnés prêtres avant de présenter leurs demandes de visa, tandis que nous estimions qu’il était préférable qu’ils viennent dans un premier temps se faire à leur nouvel environnement, avant d’être ordonnés ».
A l’issue de la rencontre, les services du président ont publié un communiqué où l’on pouvait lire que Chen Shui-bian saluait le travail et la contribution des missionnaires aux services sociaux et éducatifs du pays ainsi qu’à son développement culturel. Il a promis que son gouvernement allait examiner la question afin de faciliter l’obtention par les missionnaires du statut de résident permanent.
Selon les observateurs, le maintien jusqu’à ce jour d’un système plutôt restrictif de visa pour les missionnaires était voulu dans la mesure où il a permis à l’administration d’aisément menacer d’expulsion les prêtres engagés dans des activités « autres que celles spécifiées sur leur visa de séjour ainsi que le stipule l’article 27 du code sur l’immigration. En 1989, un missionnaire irlandais, engagé dans un travail d’assistance et d’éducation auprès d’ouvriers taiwanais, avait été expulsé et, malgré le soutien de la Conférence épiscopale, n’a pas pu obtenir de nouveau visa (1). Plus récemment, en 2001, plusieurs missionnaires, engagés dans la défense des droits des travailleurs étrangers, ont été menacés d’expulsion, au motif qu’ils contrevenaient aux termes de l’article 27 (2).
Enfin, profitant de la rencontre avec le président Chen, le cardinal Paul Shan a demandé à ce que le 25 décembre soit rétabli comme jour chômé. Le 1er janvier 1998, le gouvernement a décrété que deux samedis sur quatre seraient désormais chômés chaque mois et, en contrepartie, a supprimé huit jours fériés : le 25 décembre, la Journée de la Constitution, etc. La Conférence épiscopale a demandé le rétablissement du caractère chômé du 25 décembre du fait de sa signification pour l’ensemble de la société. Les chrétiens, avec 725 000 personnes (dont 225 000 catholiques), représentent 3,1 % de la population de l’île. Le président Chen a répondu que la requête était raisonnable et que le gouvernement mènera des consultations à ce sujet.