Eglises d'Asie

Les Eglises chrétiennes demandent au gouvernement de respecter les droits en matière religieuse des prévenus incarcérés dans les prisons du pays

Publié le 18/03/2010




Les Eglises chrétiennes de Corée du Sud ont demandé au gouvernement de garantir les droits religieux des prisonniers en détention provisoire et de suivre en la matière les recommandations que la Commission nationale des droits de l’homme de Corée, commission officielle et indépendante du gouvernement, a émises le 27 janvier dernier. La Commission a recommandé que le ministère de la Justice reconnaisse aux prisonniers en attente de jugement le droit de prendre part à des activités religieuses et aux programmes d’éducation religieuse. Aujourd’hui, les prévenus dans les prisons de Corée du Sud n’ont pas accès, par exemple, à l’eucharistie, au catéchisme, aux partages bibliques, toutes activités qui sont accessibles aux prisonniers jugés et condamnés, les prévenus et les condamnés étant détenus dans des lieux distincts. Le ministère de la Justice justifie cette différence de traitement par le fait qu’administrativement, les prévenus ne sont pas placés sous le contrôle de l’administration pénitentiaire et que les personnels et les aménagements ad hoc font défaut.

Le 29 janvier, les aumôneries de prison des diocèses de Séoul, de Pusan, de Suwon et de Taejon, en accord avec le Comité catholique des droits de l’homme, une ONG basée à Séoul, ont publié un communiqué saluant les recommandations faites par la Commission nationale des droits de l’homme. Elles ont insisté pour que le ministère de la Justice les suive sans attendre (1), se félicitant que ce qui constitue une de leurs revendications anciennes soit enfin entendu.

Selon le P. Thomas Lee Young-woo, responsable des aumôniers de prison de l’archidiocèse de Séoul, l’application de la recommandation faciliterait l’aide pastorale aux prévenus. En attendant leur jugement, en effet, la plupart font face à de graves problèmes psychologiques. Le P. Lee a expliqué que les aumôniers, de quelque confession que ce soit, étaient en théorie autorisés à visiter les détenus individuellement mais que des procédures compliquées « rendaient très difficile concrètement pour les pasteurs de rencontrer les prisonniers à moins d’une demande directe de l’un d’entre eux.

Dans sa communication du 27 janvier, la Commission nationale des droits de l’homme a estimé que priver les prévenus de leurs droits religieux constituait une violation de la Constitution. Elle a aussi constaté qu’une base légale existait pour l’exécution de cette recommandation et a cité le droit pénitentiaire et les règlements du ministère spécifiant clairement que les prisonniers en attente de jugement pouvaient participer aux activités religieuses seuls ou en groupe. Les recommandations de la Commission ne portent pas de caractère impératif pour le gouvernement et celui-ci est donc libre de s’y conformer ou non.

Le P. Lee a souligné qu’un grand nombre de prisonniers en instance de jugement sont dans le dénuement et ne bénéficient pas d’assistance juridique. Ils pourraient bénéficier d’une telle assistance si la recommandation de la Commission était appliquée. Il a également proposé qu’un « service d’aumôniers soit organisé dans les prisons et les centres de détention à l’exemple de ce qui se fait dans l’armée et les hôpitaux. Si les aumôniers des différentes religions pouvaient travailler « librement et régulièrement » dans les prisons, ils contribueraient certainement à une amélioration des conditions de détention, a-t-il ajouté.

Dans le même sens, le pasteur Hwang Phil-kyu, directeur du Comité des droits de l’homme du Conseil national des Eglises (protestantes) de Corée, a suggéré que « des lieux de culte pour les différentes religions » soient aménagés dans les établissement pénitentiaires. Il dit avoir, lui aussi, fait bon accueil à la recommandation, affirmant toutefois : « Maintenant, le plus important est de savoir comment s’y prendre pour que le ministère la mette en application. »