Eglises d'Asie – Corée du sud
Pour les évêques catholiques coréens, obtenir des cellules souches à partir du clonage d’un embryon humain est contraire à toute déontologie
Publié le 18/03/2010
D’après, le P. Paul Lee Chang-young, sous-secrétaire de la Conférence des évêques catholiques de Corée, les recherches des biologistes postulent que la vie humaine « est un objet d’expérimentation qui peut être manipulé à l’envi ». Bien avant l’annonce du clonage d’un embryon humain, les évêques coréens ont déclaré que « les recherches en vue de créer une cellule souche embryonnaire à partir d’une embryon humain est une violation de la vie humaine parce que ce prélèvement tue l’embryon, un être humain vivant ». Les évêques affirment que l’Eglise catholique reconnaît, certes, l’importance de la biologie au service de la vie mais qu’il est inacceptable qu’au nom d’un soi-disant développement scientifique, la recherche se transforme en menace pour cette vie même (1).
Les médias coréens ont annoncé et louangé la victoire du professeur Hwang Woo-suk et de son équipe mais, selon le P. Lee, « ce qui est vraiment étonnant dans cette recherche, c’est qu’elle n’aurait jamais du avoir lieu ». En décembre dernier, en effet, l’Assemblée nationale a approuvé une loi intitulée : « Ethique et sauvegarde de la vie texte interdisant le clonage humain et les recherches adjacentes tout en autorisant certaines recherches pour des motifs médicaux. Pour le P. Lee, « même si les chercheurs n’ont pas l’intention de réaliser le clonage d’êtres humains grâce à ces nouvelles techniques, d’autres scientifiques pourraient être tentés de le faire. Si c’était le cas, Hwang et son équipe devraient en porter la responsabilité ».
Le quotidien Joong Ang Ilbo, qui a le premier annoncé la nouvelle, cite Hwang qui affirme qu’une cellule souche obtenue pas cette technique « ne provoquerait pas de symptôme de rejet propre à toute transplantation, ce qui ouvrirait une nouvelle perspective dans le traitement de certaines affections comme le diabète ou la maladie de Parkinson ».
Le P. Lee, qui est un spécialiste de la théologie morale, fait observer que Hwang et les journalistes ont tort quand ils affirment que les recherches en cours éviteraient les problèmes d’éthique liés à celles effectuées sur l’animal. Toujours d’après le même journal, cette « victoire » de la biologie moderne permet, en effet, de « dépasser les problème moraux » puisque seront utilisées des cellules et des tissus humains évitant ainsi l’élimination des rejets propres à ces traitements à partir de cellules animales. Le P. Lee rejette l’argument et maintient que l’utilisation des embryons humains est encore « plus immorale » que celles des cellules animales.
Un document de l’Académie pontificale pour la vie publié en 2001 affirmait ne pas avoir d’objection à la transplantation d’un tissu animal sur un être humain. Il demandait cependant aux chercheurs de ne le faire qu’avec un « maximum de précaution » du fait de l’incertitude concernant la possible transmission d’affections de l’animal à l’homme.
L’équipe de Hwang a recueilli 242 ovocytes sur seize femmes coréennes volontaires. A partir de ce matériau, elle a ensuite cloné avec succès trente blastocystes, le nom des embryons comptant moins d’une centaine de cellules. De ce nombre, une seule cellule souche viable a pu être extraite.
Outre l’Eglise catholique, des voix se sont élevées en Corée pour dénoncer les dangers de telles recherches. Park Byung-sang, directeur du Laboratoire d’écologie d’Inchon, a objecté que, contrairement au rapport « exagéré » de la presse coréenne, le travail des scientifiques soulevait de sérieux problèmes d’éthiques. Les récentes recherches peuvent laisser supposer que la vie humaine n’est qu’une « source de matières premières » utilisable pour telle ou telle fin spécifique. Sans même parler du saut dans l’inconnu que représente le clonage d’embryon humain et le fait que la production d’une cellule souche viable ne garantit pas la mise au point de thérapeutique efficace, Park Byung-sang souligne que la stimulation hormonale artificielle des fonctions ovariennes des « donneuses volontaires » pour prélever 242 ovocytes montre « une exploitation évidente du corps de la femme et le manque de moralité des chercheurs ».