Eglises d'Asie

Dans la campagne pour l’élection présidentielle, l’intervention de certains responsables religieux soulève une controverse

Publié le 18/03/2010




A quelques jours des élections présidentielles du 20 mars, au cours d’une campagne électorale très disputée entre le candidat de l’opposition, menée par le Kouomintang, et le président sortant, l’irruption sur la scène politique de certains responsables religieux, bouddhistes notamment, a soulevé une vive controverse sur la place et le rôle de la religion en politique.

Au début de ce mois de mars, le candidat du Kouomintang, Lien Chan, s’est rendu dans le temple bouddhiste de Chung Tai, situé dans les montagnes du centre de l’île. Il y a été accueilli par le vénérable Wei Chueh, un des principaux maîtres bouddhistes de Taiwan et responsable de ce temple. Vêtu du traditionnel habit bouddhique jaune et rouge de son ordre, Wei Chueh, âgé d’un peu plus de 80 ans, a proclamé publiquement son soutien au candidat Lien, en déclarant que le gouvernement dirigé par le président sortant Chen Shui-bian était instable et avait été la cause de nombreuses souffrances pour les pauvres de Taiwan au cours de ces dernières années.

Les déclarations du maître bouddhiste ont immédiatement soulevé une controverse, certains analystes locaux estimant que l’appui apporté par Wei Chueh, dont les fidèles se comptent en centaines de milliers, à Lien Chan était susceptible de donner à ce dernier un avantage décisif dans la course à la présidence. Le 11 mars, lors d’une conférence de presse télévisée, Shih Chao Huei, une religieuse bouddhiste très populaire, a vivement reproché à Wei Chueh sa prise de position, lui reprochant a contrario d’être resté silencieux à l’époque où les Taiwanais vivaient sous la loi martiale, abolie en 1987. « Il ne s’est jamais levé pour défendre la démocratie à Taiwan a-t-elle dit, ajoutant que Wei Chueh, à la tête du « temple le plus riche et le plus opulent de la planète était mal placé pour reprocher au gouvernement de ne pas faire assez pour les pauvres.

Wei Chueh n’a pas répondu à la critique de cette religieuse. Des hommes politiques appartenant à l’opposition ont toutefois défendu le droit du dirigeant bouddhiste à s’engager, arguant du fait que l’Eglise presbytérienne de Taiwan s’était à plusieurs reprises prononcée publiquement en faveur du président Chen, un chrétien (1).