Eglises d'Asie – Indonésie
De nouveaux groupes islamistes radicaux, issus de la Jemaah Islamiah, pourraient s’en prendre aux chrétiens indonésiens, assimilés à l’Occident
Publié le 18/03/2010
Selon Sidney Jones, l’arrestation en janvier 2004 de dix-huit personnes soupçonnées d’être responsables des attaques commises en octobre dans les districts de Poso et Morowali, dans la province de Célèbes-Centre, permet de mieux comprendre les motifs et les modes opératoires des groupes terroristes présents dans la région. Il apparaît en effet que ces personnes ont presque toutes été recrutées localement par une milice islamiste, le Mujahidin KOMPAK, et que la plupart avaient, parmi leurs proches, des personnes qui ont été tuées au plus fort des violences intercommunautaires, en mai-juin 2000. La revanche semble donc être le motif premier de leurs actes. Mais, en analysant comment cette organisation, le Mujahidin KOMPAK, s’est formée, Sidney Jones a mis à jour les dissensions qui semblent exister au sein de la Jemaah Islamiah, réseau duquel le Mujahidin KOMPAK est proche mais distinct.
Si la création d’un Etat islamique rassemblant tous les musulmans du Sud-Est asiatique est l’objectif ultime affiché par les islamistes radicaux, la Jemaah Islamiah et de plus petits groupes tels que le Mujahidin KOMPAK semblent diverger sur la tactique à suivre pour y parvenir. La Jemaah Islamiah insiste sur la formation religieuse comme un préalable indispensable à l’action violente tandis que les partisans du Muhajidin KOMPAK prône “l’apprentissage par la lutte” et l’action violente partout où cela est possible et dès que cela est possible. A ces divisions, s’ajouteraient des divergences sur le choix des cibles nées des conséquences des attentats commis ou à commettre. Le nombre élevé de musulmans parmi les victimes des attentats de Bali et de l’hôtel Marriott a, semble-t-il, incité certains groupes à préférer, aux cibles symboles de l’Occident, les attaques contre les chrétiens indonésiens. Les actions contre ces derniers, peu protégés contrairement aux cibles représentant l’Occident, sont moins susceptibles de faire des victimes “collatérales” musulmanes (3).
Pour Sidney Jones, il est important de garder à l’esprit que ces divergences concernent une fraction des groupes extrémistes actifs en Indonésie qui, eux-mêmes, forment une petite minorité au sein du vaste ensemble musulman indonésien. Mais l’étude des évolutions et des divergences au sein de cette mouvance radicale permet de distinguer des tendances. Une fraction de la Jemaah Islamiah serait favorable à des attentats spectaculaires affaiblissant les régimes en place dans la région (4) ; une autre – majoritaire pour autant que ce mouvement soit nettement structurée – considérerait que de tels attentats nuisent à l’objectif à long terme qui est d’établir un Etat islamique en Indonésie.