Eglises d'Asie

Hô Chi Minh-Ville : le peuple de Dieu se tourne vers son passé

Publié le 18/03/2010




Ils étaient plus de 6 000 fidèles à s’être rassemblés dans l’enceinte du grand séminaire de Hô Chi Minh-Ville pour célébrer un double jubilé : le 160e anniversaire de la fondation de ce qui fut la lointaine origine de l’actuel archidiocèse, à savoir le vicariat apostolique de la Cochinchine occidentale et le 334e anniversaire du premier concile régional de Dinh Hiên (le 14 février 1670). Ce retour des chrétiens de la métropole du sud vers le lointain passé de leur communauté était un des points forts de l’année sainte de l’évangélisation qui a commencé en janvier. Douze autres grandes assemblées sont prévues au cours de cette année sur des thèmes différents et dans d’autres sites.

La première circonscription ecclésiastique au Sud Vietnam, alors appelé en vietnamien “Dang Trong en français “Cochinchine”, fut érigée par le pape Alexandre VII par un décret du 9 septembre 1659. Ce territoire recouvrait la partie sud du Dai-Viêt, le domaine des Seigneurs Nguyên, limité au nord par le fleuve Gianh et s’étendant au sud jusqu’au Champa et au Cambodge. Le premier vicaire apostolique en fut Mgr Lambert de la Motte. Près de deux siècles plus tard, alors que les descendants des anciens seigneurs Nguyên régnaient désormais sur l’ensemble du Vietnam, la communauté chrétienne s’étant passablement agrandie, sur la proposition de Mgr Cuénot, le vicariat de Cochinchine fut divisée par le pape Grégoire XVI le 2 mars 1844. L’actuel archidiocèse de Saigon se trouvait situé dans la partie appelée vicariat de Cochinchine occidentale qui recouvrait les six provinces de la Basse Cochinchine ainsi que l’actuel Cambodge. Selon Louvet, la population totale était d’environ 3 600 000 pour une petite minorité de chrétiens estimés à environ 23 000. Une nouvelle division en 1850 détachait du vicariat de la Cochinchine occidentale le vicariat de Nam Vang (Cambodge actuel). Puis en 1924, la Cochinchine occidentale devenait le diocèse de Saigon, duquel se détachaient à diverses époques : Vinh Long (1938), Dalat et My Tho (1960), Phu Cuong et Xuân Lôc (1957). Enfin, en 1975, était créé le diocèse de Phan Thiêt avec deux provinces de l’ancienne Cochinchine autrefois rattachées au diocèse de Nha Trang.

Cette première cérémonie de l’année de l’évangélisation fit également commémoration d’un événement de première importance, le synode convoqué par Mgr Lambert de La Motte à Dinh Hiên dans l’actuelle province de Thai Binh, le 14 février 1670. S’y trouvaient trois autres missionnaires français ainsi qu’une dizaine de prêtres vietnamiens, récemment ordonnés. Des constitutions y furent adoptées qui déterminèrent pendant plusieurs siècles la conduite de l’Eglise en matière de personnel (prêtres et catéchistes) et la marche de l’évangélisation au Vietnam en de nombreux domaines. C’est à cette même époque, que le vicaire apostolique proposa le genre de vie des “Amantes de la croix de Jésus-Christ” à un certain nombre de femmes qui, déjà auparavant, s’étaient engagés par des voux et vivaient en communauté. Il rédigea à leur intention le règlement des Amantes de la Croix, aujourd’hui répandues dans tous les diocèses du Vietnam.

C’est toute cette charge d’histoire, ainsi que la participation des chrétiens d’occident aux progrès de l’évangélisation du Vietnam qui a été rappelée lors de l’homélie par le cardinal Pham Minh Mân auxquels étaient venus se joindre le cardinal Kim de Corée, le cardinal Shan de Taiwan, ainsi que des représentant de la Société des Missions Etrangères de Paris. La foule rassemblée pour la cérémonie ne s’est dispersée qu’à 21 heures dans la soirée après avoir participé à un récital de chants.