Eglises d'Asie – Indonésie
Les évêques catholiques axent la campagne de carême sur la fraternité et certains d’entre eux ne dissocient pas cet aspect des prochaines échéances électorales nationales
Publié le 18/03/2010
A Bandung, Mgr Alexander Djajasiswaja a consacré un tiers de sa lettre pastorale de carême aux prochaines élections. Sans cacher que la situation est difficile tant les procédures électorales sont compliquées à comprendre pour une grande partie des Indonésiens et que les débats politiques sont en grande partie brouillés par des questions d’argent, il appelle ses diocésains à ne pas se désintéresser de la politique. Se référant à l’appel à voter lancé au mois de janvier dernier par la Conférence épiscopale (1), il demande aux catholiques les plus formés intellectuellement de bien étudier les nouvelles dispositions électorales et à ceux qui savent lire et écrire de venir en aide aux illettrés.
Ailleurs, les évêques de Pontianak, d’Amboine ou de Kupang demandent aux catholiques de choisir avec soin leurs candidats, en privilégiant l’honnêteté et l’intégrité morale de ces derniers. Le choix de députés ayant le sens du bien commun permettra de minimiser le risque de conflit, soulignent-ils en substance, rappelant les heurts intercommunautaires que le pays a connu ces dernières années aux Moluques ou à Célèbes.
Pour Mgr Petrus Turang, archevêque de Kupang et président de la Commission pour le développement socio-économique de la Conférence épiscopale, on peut se demander pourquoi les évêques s’engagent-ils sur le terrain politique, en abordant dans une lettre pastorale de carême des recommandations pour les prochaines élections législatives. Il répond que la campagne de carême étant cette année centrée sur le thème du renouveau, le lien entre le carême et les élections est justifié. « Dès lors que nous considérons le carême comme un temps de renouveau personnel qui implique un combat social, nous pouvons considérer que les élections législatives sont un effort commun, un effort de tous, pour le changement social explique-t-il.
Pour Mgr Anton Pain Ratu, d’Atambua, « nous, Indonésiens de religion catholique, avons une obligation à faire de ces élections un succès ». Il a demandé aux catholiques de son diocèse de réaliser qu’ils ne sont pas des catholiques indonésiens mais des Indonésiens catholiques : « En tant que catholiques, nous ne devons pas mettre au second plan notre responsabilité de citoyens indonésiens. »
Tous les évêques cependant n’ont pas lié la campagne de carême aux prochaines élections. Dans sa lettre pastorale lue les 21 et 22 février dernier dans toutes les églises et les chapelles de Djakarta, le cardinal Julius Darmaatmadja, archevêque de Djakarta, n’a pas fait mention des élections. Il a insisté sur le fait que les conflits dans les familles et la société n’étaient pas un phénomène nouveau, qu’ils étaient même inévitables mais qu’ils étaient aussi l’occasion d’une conversion dans la foi et l’esprit de sacrifice.