Eglises d'Asie

Madhya Pradesh : le suicide d’une jeune résidente d’un foyer de filles déclenche les manifestations anti-chrétiennes de militants hindouistes

Publié le 18/03/2010




La mort d’une adolescente de 13 ans dans un local d’une mission catholique du Madhya Pradesh met aujourd’hui toute la communauté chrétienne et ses responsables dans une situation très difficile et l’oblige à soutenir un véritable siège face à une foule de manifestants. Le corps de la jeune fille, Geeta Saket, a été trouvé sans vie, le 3 mars dernier, dans un foyer où elle était pensionnaire. Le foyer était géré par l’Eglise dans le village de Devsar, district de Siddhi. Une femme de ménage l’a trouvée suspendue au chambranle de la salle de bain. L’autopsie pratiquée immédiatement sur le corps a apporté la preuve irréfutable que l’adolescente s’était suicidée. Cependant, un certain nombre de militants hindouistes ont organisé sur les lieux une série de manifestations successives, rejetant les conclusions de la police et prétendant que la fillette a été violée puis tuée avec la complicité des responsables religieux.

Mgr Mathew Vaniakizhakkel, l’évêque du lieu, le diocèse de Sama, est venu sur place pour aider la communauté à régler cette affaire. Le directeur de la police locale lui a aussitôt confirmé les résultats de l’autopsie. L’examen médical donnait la preuve qu’il n’y avait pas eu de viol, comme le laissait entendre certaines rumeurs. Pourtant le principal meneur des protestataires, Rajendra Dwivedi, affirme ne pas croire à ce qui a été inscrit sur le rapport d’autopsie et déclare publiquement que les prêtres sont responsables du viol et du meurtre de la fillette. Le responsable policier est pourtant venu lui-même commenter les résultats de l’autopsie à l’ensemble des protestataires hindouistes. Mais ces derniers ont refusé de le croire et ont résolu de se faire justice eux-mêmes en toute illégalité.

Dans un entretien avec l’agence de presse Ucanews (1), l’évêque de Sama a dénoncé l’atmosphère de terreur régnant aujourd’hui autour de la mission catholique : “Nous sommes persécutés et soumis à une tension intolérable. Il est malheureux que des missionnaires soient accusés de crimes qu’ils n’ont pas commis a-t-il déclaré. Les militants hindouistes sont, la plupart du temps, rassemblés autour de la mission, très menaçants. Le 5 mars, plus de 2 000 d’entre eux manifestaient devant l’église ou le corps de l’adolescente était gardé, clamant des slogans hostiles aux chrétiens et mettant à bas une murette de trente mètres protégeant l’église et le couvent des sours. La veille, des membres du Bajrang Dal, un groupe fondamentaliste radical, avait agressé un prêtre, alors qu’avec deux autres prêtres, il transportait le corps de la jeune fille pour l’autopsie. Après l’avoir menacé, le responsable local du groupe hindouiste l’a frappé par deux fois au visage.

La mission de Devsar est seulement composée d’une église, d’un couvent de religieuses de Saint Thomas, une congrégation locale, et d’un foyer de filles où résidait la jeune Geeta Saket depuis plus de sept ans. Selon le prêtre chargé de la paroisse, rien ne laissait prévoir qu’elle avait l’intention de se donner la mort. L’administration a prévenu les missionnaires de ne pas quitter le domaine de la mission tant que la tension persistera. Elle a également promis d’assurer la sécurité des églises voisines.