Eglises d'Asie

Mindanao : libération de la fillette enlevée à Jolo le 19 février 2004

Publié le 18/03/2010




A Mindanao, sur l’île de Jolo, très majoritairement musulmane, les chrétiens et les musulmans se réjouissent car Rachel Ann Gujit, la fillette chrétienne de 7 ans, enlevée à 7 heures du matin le 19 février dernier, a été libérée le 9 mars à 1 heure 30 du matin, grâce à une action des forces de l’ordre philippines. La fillette est en bonne condition et a pu retrouver ses parents. Selon l’agence Fides, après une enquête tous azimuts et des contacts avec de nombreux informateurs, ce sont le 35e bataillon d’infanterie de l’armée de terre et des hommes de la police locale qui ont mené l’opération de sauvetage de la fillette. Rachel Ann Gujit était détenue dans un village isolé dans les montagnes de l’île de Jolo. Les ravisseurs, identifiés comme appartenant à l’ethnie des Tausug, musulmane, se sont enfuis avant l’arrivée des militaires.

L’enlèvement de la petite avait fait grand bruit pour deux raisons : en premier lieu, c’était le premier enlèvement d’un enfant dans une zone pourtant marquée par de nombreux enlèvements contre rançon ; deuxièmement, tous, à Jolo, avaient en tête le sacrifice d’Abubakar Salip Istan, le chauffeur musulman du bus scolaire qui accompagnait Rachel à l’école Notre-Dame des Asturies. Le 19 février, en tentant de protéger la fillette, Abubakar Salip Istan avait été tué par les agresseurs d’un coup de feu à la tête. Il a laissé une veuve et un fils âgé de 10 ans.

La population de Jolo était en état de choc après l’enlèvement. Chrétiens et musulmans avaient condamné ce geste. Le vicariat apostolique de Jolo, par l’intermédiaire de sa Commission ‘Justice et paix’, s’était mobilisé. Le P. Romeo Villanueva, responsable de la Commission, avait invité les ravisseurs à libérer la fillette : “Faites-le au nom d’Allah, le puissant, le miséricordieux, au jugement duquel vous ne pourrez vous soustraire. Commencez à vous comporter en musulmans authentiques, offrez une compensation à la famille de la victime, et libérez la fillette.” S’adressant à la communauté musulmane, il avait ajouté : “Vous, musulmans, permettrez-vous que des meurtres et des enlèvements souillent votre nom ?”

Actuellement, un autre chrétien de Jolo est toujours aux mains de ses ravisseurs, Ramon Enoperio. Les enlèvements contre rançon, visant des hommes d’affaires étrangers ou locaux, voire des religieux, ne sont pas rares à Jolo, bastion du groupe Abu Sayyaf (1). Au mois de mai 2001, les missionnaires américains protestants Martin et Gracia Burnham avaient été enlevés ; après une longue détention, lui fut tué, elle fut libérée (2). En 1997, le vicaire apostolique de Jolo, Mgr Benjamin de Jesus, fut assassiné devant sa cathédrale (3). En décembre 2001, un prêtre du vicariat apostolique fut abattu en plein jour, devant la cathédrale (4).