Eglises d'Asie

Assam : des responsables chrétiens essaient de mettre un terme aux conflits qui opposent plusieurs ethnies pour des questions de propriété et de gestion de terres

Publié le 18/03/2010




Dans le district de Karbi Anglong de l’Etat d’Assam, qui correspond au diocèse catholique de Diphu, une nouvelle flambée de violence a mis aux prises des ethnies différentes, faisant 46 morts, malgré des initiatives ocuméniques pour mettre un terme à ces conflits dans lesquels des chrétiens sont engagés. Les heurts ont eu lieu les 19, 24 et 27 mars dans divers villages entre l’ethnie Karbi qui a perdu 41 des siens et l’ethnie Kuki qui déplore la mort de quatre de ses membres. Il y a eu de nombreux blessés et 70 maisons ont été incendiées.

L’archevêque de Guwahati, Mgr Thomas Menamparampil, qui l’année dernière avait pris l’initiative de créer un “groupe associé pour la paix” au moment où les deux ethnies s’affrontaient déjà violemment, s’est déclaré inquiet : “Les choses s’étaient décantées et étaient redevenues normales. Puis voilà que la violence éclate à nouveau. Nous allons attendre quelque temps et essayer de trouver une réponse !” Son collaborateur au sein du “groupe associé pour la paix le pasteur J.M. Ngul Khan Pau, secrétaire général du Conseil des Eglises baptistes dans l’Inde du Nord-Est, est du même avis. Il a demandé aux dirigeants chrétiens régionaux de réunir les responsables des communautés et de lui fournir des informations précises. L’archevêque de Guwahati a également programmé une réunion des dirigeants des divers groupes ethniques pour le mois de mai 2004.

Les hostilités entre les deux groupes ethniques ont commencé au mois d’octobre dernier. Au cours des batailles qu’elles se sont livrées, plus de quarante personnes sont mortes tandis que la population de nombreux villages s’est enfuie et est allée chercher asile dans des camps de réfugiés. Au mois de novembre suivant, l’administration du district a fait appel à l’armée et aux forces paramilitaires. Le motif des affrontements tient à la volonté des Karbi qui forment l’ethnie la plus nombreuse à rester les seuls habitants de cette région. Pourtant d’autres ethnies comme les Pnars, les Khasi ainsi que les Kuki affirment avoir leur résidence en ces lieux depuis de nombreuses générations. Peu de temps après le début des affrontements, les Kuki, en minorité dans le district, ont fait appel à leurs frères de l’“Armée révolutionnaire kuki basée dans l’Etat voisin du Manipur pour qu’ils les protègent. Cette intervention a poussé les Karbi à avoir recours à une association appelée “Solidarité démocratique des peuples unis”.

Selon les dirigeants baptistes, aujourd’hui, l’ensemble des Kuki sont chrétiens. Les Karbi sont en majorité animistes. Seulement un quart d’entre eux sont chrétiens. Mais leur animosité réciproque ne tient pas à la religion mais à des questions liées aux terres et à la gestion des ressources. Il existe pourtant des groupes hindouistes pour affirmer que les Kuki chrétiens massacrent les Karbi hindous pour s’approprier leurs terres.

Les sept Etats du Nord-Est de l’Inde abritent 260 communautés ethniques qui craignent de perdre leur identité particulière et leurs terres au profit de nouveaux migrants. Cette peur est à la source des heurts ethniques et des massacres qui ont eu lieu dans un passé récent et persistent dans cette région où une partie de la population vit dans des camps de réfugiés (1).