Eglises d'Asie

Bihar : les éducateurs chrétiens s’inquiètent de la montée de la délinquance des adolescents dans l’Etat

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat de Bihar, un religieux, directeur de collège, se déclare aujourd’hui convaincu que les gangs de malfaiteurs utilisent les adolescents pour les aider à commettre les pires de leurs méfaits, y compris des crimes. C’est la découverte de deux revolvers chargés en possession d’un de ses élèves qui a éclairé l’esprit du P. Palliparambil, responsable du collège du Christ-roi à Bettiah, à ce sujet. A ses yeux, il s’agit là d’une marque évidente du progrès d’une certaine délinquance chez les jeunes.

Cette conviction est partagée par des fonctionnaires de police du Bihar qui affirment que, de plus en plus, les auteurs d’enlèvement, les trafiquants d’armes, les tueurs à gage s’assurent de la complicité de jeunes garçons pour mettre en ouvre leurs entreprises criminelles car ces derniers échappent le plus souvent à la surveillance de la police. Selon Masum Ali Kazmi, qui occupe une position de premier plan dans la police de l’Etat, cette participation des adolescents à l’univers du crime a débuté il y a seulement une dizaine d’années mais elle a profondément marqué la société. Selon les statistiques de la police, plus de 100 000 jeunes étudiants – soit près de 5 % des deux millions d’élèves du secondaire et du cycle pré-universitaire – auraient été ainsi entraînés à des activités délictueuses par des adultes. Aujourd’hui, près de 50 000 adolescents doivent faire face à des accusations devant les tribunaux du Bihar. Deux mille d’entre eux sont en maisons de détention préventive pour des délits comme la possession d’armes illicites, des enlèvements ou des meurtres.

Ainsi, il y a quelques mois, un élève du secondaire, Ravi Pandey, a été impliqué dans l’enlèvement de l’enfant de son voisin, âgé de six ans. Le jeune homme, aujourd’hui interné dans une maison de détention préventive à Bettiah, a confié qu’il avait été trompé par des adultes qui l’avaient amadoué en lui offrant un téléphone portable et en l’invitant à boire et à manger dans les meilleurs restaurants locaux. En retour, on avait demandé à Pandey d’attirer son petit voisin hors de la maison. Après que les parents se furent acquittés de la rançon, la petite victime rentrée chez elle, a, elle-même, identifié le jeune Pandey.

Le fonctionnaire de police Masum Ali Kazmi souligne que les groupes criminels et même certains groupes maoïstes considèrent les adolescents comme les meilleurs assistants qui soient pour leurs entreprises. Les adultes et les parents les soupçonnent difficilement et, lorsqu’ils sont pris sur le fait, ils échappent généralement, à cause de leur âge, aux plus sévères condamnations.

Les jugements portés sur cette augmentation de la délinquance des jeunes varient en fonction du regard porté sur eux. Un religieux, enseignant d’un collège, estime qu’il y a encore dix ans, même le monde du crime considérait que les enfants étaient sacrés et que tout abus à leur égard était puni de la vengeance divine. Mais ceci appartient désormais à un passé révolu. Pour sa part, Parabha Pandey, une enseignante en sociologie, attribue à la pauvreté, au chômage et à la civilisation de consommation, les changements de mentalité qui se sont produits dans la jeunesse. Elle affirme également qu’en beaucoup de cas, dans les familles de ces jeunes délinquants, l’influence parentale a été inexistante. Les policiers considèrent également que la contrebande d’armes, abondamment pratiquée dans le Bihar, en direction du Népal ou du Bangladesh a également largement favorisé la délinquance des jeunes. Les statistiques de la police de l’Etat montrent que la quantité d’armes illégales détenues au Bihar représente à peu près l’équipement de l’armée d’une petite nation, autre part, dans le monde.