Eglises d'Asie

Célèbes : des musulmans de Poso demandent à des chrétiens ayant fui les violences intercommunautaires de revenir vivre parmi eux

Publié le 18/03/2010




Le 3 mars dernier, à Célèbes, environ deux cents musulmans de Poso sont allés à Tentena, localité située à une soixantaine de kilomètres au sud de Poso, pour demander aux chrétiens qui se sont réfugiés là depuis les heurts intercommunautaires des années 1999-2001 de revenir dans leur ville d’origine pour y vivre à nouveau en paix et en bonne intelligence avec les musulmans. Selon le P. Jimmy Tumbelaka, curé de la paroisse catholique Sainte Thérèse, cette visite et la démarche des musulmans présentent un caractère « historique » et le bon accueil que les chrétiens réfugiés à Tentena ont fait aux musulmans de Poso est un signe « très positif ». Cependant, étant donné le passif que représentent les mois d’affrontements meurtriers – plus de 2 000 morts ainsi que des dizaines de lieux de culte, d’écoles et d’habitations détruits avant la signature de l’accord de paix de décembre 2001 (1) -, le prêtre catholique estime que « la réconciliation ne pourra se matérialiser de sitôt ». Rappelant qu’en avril 2002, lors d’une nouvelle flambée de violence, 1 250 catholiques avaient fui Poso et qu’à peine une cinquantaine habite aujourd’hui cette ville, le P. Jimmy Tumbelaka pense que les musulmans et les chrétiens vivent trop éloignés les uns des autres pour que la réconciliation soit effective à court terme.

En dépit des difficultés à envisager la réconciliation, la rencontre s’est déroulée dans un climat de sérénité, voire de joie. Les chrétiens ont reçu leurs hôtes musulmans sur un espace ouvert, la rencontre étant ponctuée de chants et de danses. Le P. Jimmy Tumbelaka a remarqué que les musulmans ne venaient pas de la ville de Poso elle-même mais des villages environnants. « Ils ont dit qu’ils attendaient avec impatience le retour de leurs voisins chrétiens rapporte-t-il.

Pratiquement, un éventuel retour des réfugiés chrétiens de Poso est difficile dans la mesure où leurs biens et propriétés ont le plus souvent été détruits lors des heurts intercommunautaires. Si les responsables religieux des deux communautés ont de meilleures relations depuis quelque temps – « même si cela reste sur un plan informel » -, le P. Jimmy Tumbelaka estime que l’insécurité retient les chrétiens d’envisager un retour chez eux. « Ils ont peur des radicaux musulmans qui voient dans les chrétiens leurs ennemis. Même les musulmans modérés, qui sont la majorité, ont peur de la minorité de radicaux musulmans précise encore le prêtre catholique. En dépit de l’accord de paix de décembre 2001, des incidents isolés éclatent de temps à autre. Le plus récent remonte au mois d’octobre 2003 et a causé la mort de douze personnes (2).