Eglises d'Asie

L’Eglise évangélique du Nord-Vietnam se prépare avec une certaine réticence à organiser une Assemblée générale

Publié le 18/03/2010




Selon des nouvelles recueillies par un visiteur en provenance des Etats-Unis et rapportées par une revue de Hongkong (1), au mois de mai prochain, les dirigeants de l’Eglise évangélique devraient être autorisés à tenir leur première assemblée générale depuis plus de quinze ans. Voilà quelque temps qu’ils en ont reçu la suggestion de la part des autorités civiles. Cependant, cette offre n’a reçu de leur part qu’un accueil mitigé et aurait même suscité une certaine réticence, les responsables protestants craignant les pressions du gouvernement pour leur faire élire de nouveaux dirigeants trop proches du régime communiste.

Les protestants du Nord, séparés de l’Eglise évangélique du Sud et beaucoup moins nombreux, ne comptent officiellement, dans leurs rangs, que seize communautés chrétiennes issues des minorités ethniques. Cependant, au cours de ces dernières années, l’Eglise protestante du Nord s’est efforcée d’accueillir en son sein de nombreuses paroisses montagnardes. Elle aurait ainsi intégré quelque 200 000 chrétiens h’mongs, dont les Eglises n’étaient point reconnues par le pouvoir civil. Malgré l’opposition des autorités à cette fusion, les dirigeants protestants de Hanoi ont envoyé des lettres dites “d’association” à plus de 750 communautés h’mongs. Déjà, selon la même source, à la mi-octobre 2002, l’Eglise évangélique officielle avait admis et enregistré comme membres officiels 227 paroisses h’mongs (2). La plupart de ces chrétiens se sont convertis dans les années 1980, grâce à la prédication entendue dans leur langue sur les ondes de certaines radios étrangères. Ces conversions ont eu lieu malgré la pression, souvent très violente, exercée sur eux par les cadres administratifs locaux qui leur demandent de retourner à leur religion ancestrale.

Au Nord-Vietnam, l’Eglise évangélique avait été “normalisée” dès les années 1960 et, depuis lors, sa direction, selon l’expression d’un rapport protestant, s’était soumise au contrôle très strict du Bureau des Affaires religieuses. Après le changement de régime de 1975, la communauté protestante du Sud-Vietnam avait longtemps échappé au processus de normalisation imposé à toutes les religions du pays, processus qui consiste à donner à chacune d’entre elles une structure commune, une constitution propre et un certain nombre de liens organiques qui la rattachent au Front patriotique. Seul le catholicisme – dont la Conférence épiscopale est reconnue officiellement par l’Etat – n’a pas eu à se soumettre à un tel processus.

C’est en février 2001, lors d’une assemblée générale préparée et organisée en collaboration avec les responsables gouvernementaux, qu’a été créée l’Eglise évangélique officielle du Sud (3) avec l’élection d’un Comité exécutif composé de membres considérés, selon des sources protestantes, comme indépendants à l’égard des autorités, en particulier son président, le pasteur Pham Xuân Thiêu, décédé depuis et remplacé par le pasteur Duong Thanh (4). Elle a été officiellement reconnue par les pouvoirs publics le 3 avril 2001 au cours d’une cérémonie organisée à Hô Chi Minh-Ville (5). Il faut noter cependant que seule une partie de la communauté protestante au Vietnam fait partie de l’Eglise reconnue officiellement par le gouvernement. L’annuaire de l’Eglise évangélique fait état de 282 communautés protestantes régionales reconnues par les autorités, mais de 283 autres non officielles implantés dans des régions habitées par des ethnies minoritaires (6).