Eglises d'Asie

Mindanao : à Jolo, le sacrifice d’un musulman, tué alors qu’il tentait d’empêcher l’enlèvement d’une fillette chrétienne, n’est pas vain, estime un prêtre catholique

Publié le 18/03/2010




Selon un prêtre catholique, missionnaire à Mindanao, le sacrifice d’Abubakar Salip Iston, le chauffeur musulman du bus scolaire abattu alors qu’il tentait de s’opposer à l’enlèvement d’une fillette chrétienne, n’est pas vain (1). Tué le 19 février dernier par les ravisseurs de la petite fille – libérée depuis -, Abubakar Salip Iston a témoigné par sa mort que le conflit de Mindanao n’est pas une guerre de religion entre chrétiens et musulmans. Le P. Robert Layson, missionnaire des Oblats de Marie Immaculée (OMI), est curé à Pikit, dans la province de Cotabato-Nord, sur l’île de Mindanao. Responsable du dialogue interreligieux des OMI aux Philippines, il a commenté pour l’agence Fides le sacrifice d’Abubakar Salip Iston, tué d’une balle dans la tête. La petite communauté chrétienne de Jolo a depuis exprimé l’intention d’aider matériellement sa veuve et son fils, âgé de 10 ans.

Pour le P. Layson, “un musulman est mort pour sauver une enfant chrétienne. La vérité, c’est qu’il existe de nombreuses histoires où musulmans et chrétiens ont cherché à s’aider réciproquement, maintenant comme par le passé. Pendant la deuxième guerre mondiale, la population chrétienne de Pikit a trouvé refuge et accueil sur le territoire de Liguasa, région à majorité musulmane, pour fuir les attaques japonaises. Il y a de nombreux témoignages d’amitié islamo-chrétienne. Pour en revenir au présent, au mois de février dernier, les musulmans de cette même région ont trouvé refuge dans des régions à majorité chrétienne, après les affrontements entre le gouvernement et les rebelles dans la région de Bulik. L’Eglise s’est occupée de milliers de réfugiés musulmans, et beaucoup d’entre eux avaient les larmes aux yeux quand ils ont quitté leur endroit d’accueil, et quand ils ont salué les volontaires chrétiens qui les ont aidés. La vie des chrétiens, des musulmans et des indigènes Lumads sont étroitement liées : c’est là la réalité de Mindanao. C’est peut-être quand les hommes commenceront à se regarder comme frères et sours que Mindanao connaîtra la paix authentique. Alors, la mort de Abubakar Salip Iston n’aura pas été inutile”.