Eglises d'Asie

Pour la petite Eglise catholique du Laos, la formation pastorale des séminaristes est une priorité malgré les difficultés

Publié le 18/03/2010




Au Laos, s’il est difficile pour l’unique grand séminaire du pays de fournir avec régularité des cours magistraux à ses élèves, les séminaristes mettent un point d’honneur à partir systématiquement, durant les week-ends, travailler dans les villages catholiques pour se préparer à leur futur travail pastoral. Ils vont deux par deux dans les villages du centre du Laos qui ne reçoivent que très rarement la visite d’un prêtre et – concession à la modernité – ils s’y rendent généralement à moto (1). Le P. Bounlien Phithakvong, prêtre du vicariat de Savannakhet, en résidence à Thakhek où il s’occupe des étudiants, enseigne au séminaire et supervise la pastorale de six paroisses. Il a confirmé l’achat de quatre petites motos pour le grand séminaire national de Thakhek, “dans le cadre de la formation pastorale 

Le séminaire héberge douze grands séminaristes, âgés de 20 à 29 ans. Deux viennent de Luang Prabang, quatre de Pakse et six de Savannakhet. Chaque samedi, ils gagnent un village où ils enseignent aux jeunes catéchisme, chants et prières. Le dimanche, ils animent la liturgie, présentent les lectures, dirigent la prière et donnent la communion. Ils passent la nuit du samedi au presbytère et, le lendemain, l’un d’entre eux part à moto rejoindre un autre village pour la liturgie dominicale. Ils rendent également visite aux familles, aux malades et rencontrent les jeunes avant de rejoindre le séminaire le dimanche soir.

Au cours de la rencontre annuelle des responsables des séminaires du Laos et du Cambodge à Bangkok, en mars dernier, le P. Bounlien a expliqué que, si les séminaristes avaient la chance d’acquérir très tôt une expérience pastorale, c’était aussi une bénédiction pour le vicariat apostolique de Thakhek, riche de 11 526 catholiques mais seulement d’un évêque, de sept prêtres et de quelques religieuses.

Les chrétiens apprécient, certes, le travail pastoral des séminaristes chaque week-end mais le P. Bounlien ne cache pas, pour sa part, que leur formation au jour le jour se heurte, depuis la fondation du grand séminaire en 1998, à la même difficulté : trouver des professeurs. Il est entendu que chaque vicariat délègue un prêtre pour enseigner au séminaire. Mais les cours ne peuvent pas toujours être donnés régulièrement parce que tel prêtre chargé de cours est retenu par des obligations urgentes dans l’une ou l’autre des nombreuses paroisses dont il a la charge. Quand le professeur est absent, les séminaristes étudient par eux-mêmes, ce qui peut être pour eux une motivation supplémentaire, mais pas toujours facile à assumer. Quelques prêtres thaïlandais de la région frontalière du nord-est de la Thaïlande voisine où langue et culture sont communes viennent enseigner mais ils ne peuvent le faire, eux aussi, qu’assez irrégulièrement. Le corps professoral du grand séminaire national du Laos se compose de quatre prêtres et d’une religieuse. Le P. Bounlien reconnaît volontiers que le niveau d’enseignement est à améliorer. Pour l’instant, a-t-il expliqué, il est prévu d’envoyer les jeunes prêtres nouvellement ordonnés parfaire leurs études à l’étranger. Plusieurs séminaristes laotiens – dont deux originaires de Vientiane – y étudient déjà (2).