Eglises d'Asie

Timor occidental : parmi les réfugiés venus du Timor-Oriental, le nombre élevé de couples séparés et de familles désunies inquiète l’Eglise

Publié le 18/03/2010




Au Timor occidental, dans le diocèse jouxtant le Timor-Oriental, la présence de nombreux couples désunis parmi les réfugiés est-timorais représente un réel problème pastoral (1). Il s’agit de couples arrivés dans le diocèse d’Atambua après le vote en faveur de l’indépendance du Timor-Oriental en 1999 et l’exode qui s’ensuivit. Des couples dont l’un ou l’autre conjoint est soit rentré au Timor-Oriental, soit parti à la recherche d’un travail dans d’autres régions de l’Indonésie. Pour Mgr Anton Pain Ratu, évêque du diocèse catholique d’Atambua, ces séparations entre maris et femmes, ou entre parents et enfants, posent un sérieux problème pastoral au diocèse. A tous les prêtres et religieuses, particulièrement ceux qui viennent du Timor-Oriental pour visiter les réfugiés, l’évêque demande de veiller spécialement à la pastorale familiale.

Mgr Pain Ratu dit « rêver » de voir les familles catholiques devenir un modèle d’évangélisation où les enfants seraient témoins de la fidélité réciproque de leurs parents, symboles eux-mêmes du sacrement vivant de l’amour de Dieu. Mais la dure réalité que vivent ces familles est-timoraises réfugiées « est de rendre mon rêve tangible », confie-t-il, conscient que les troubles et les violences nés du processus qui a mené à l’indépendance du Timor-Oriental à partir de 1999 sont à l’origine de ces désordres constatés dans les familles (2). On se souvient qu’à l’époque du référendum de 1999, 250 000 Est-Timorais étaient passés au Timor occidental. Aujourd’hui, environ 16 000 réfugiés se trouvent encore au Timor occidental, près de la frontière avec le Timor-Oriental, sur le territoire du diocèse d’Atambua.

Pour le P. Mateus do Rosario da Cruz, secrétaire de Mgr Pain Ratu, les conséquences de l’éclatement des familles parmi la population réfugiée sont claires : « Observez les camps et les centres de réfugiés le long de la frontière. Vous y rencontrerez de nombreux maris abandonnés par leurs femmes et leurs enfants. Les femmes sont retournées au Timor-Oriental pour rejoindre leurs parents ou, avec l’accord de leur mari, sont rentrées au village s’occuper de leur maison et de leurs champs. » Les maris ne les ont pas accompagnées par peur de représailles. « Ils étaient sans doute impliqués dans les conflits qui ont secoué le Timor-Oriental, leur pays d’origine. »

Quelles qu’en soient les raisons, on ne peut que constater l’augmentation des cohabitations hors mariage des deux côtés de la frontière. D’après le P. da Cruz, de nombreuses femmes retournées seules au Timor-Oriental vivraient en concubinage. « Elles demandent à se marier à l’église en arguant que leurs maris restés en territoire indonésien ne reviendront pas au pays. » Des Est-Timoraises ont épousé des militaires indonésiens et vivent maintenant au Timor occidental. Elles disent avoir été forcées au mariage ou menacées de mort pendant l’occupation indonésienne. « Mais les maris interrogés, explique le P. da Cruz, démentent et affirment que leur mariage a eu lieu à l’église, en accord avec les coutumes locales et le plein consentement des beaux-parents. » Une « étroite collaboration » entre les tribunaux diocésains au Timor-Oriental et au Timor occidental est nécessaire pour résoudre le problème pastoral que posent ces mariages brisés, estime le P. da Cruz.