Eglises d'Asie

A Huê, la police a empêché une délégation américaine de rencontrer un religieux bouddhiste de haut niveau

Publié le 18/03/2010




Le 29 mars dernier, la police a empêché une délégation de diplomates américains de l’ambassade à Hanoi et du consulat à Hô Chi Minh-Ville de rencontrer à Huê une haute personnalité du bouddhisme unifié, le vénérable Thich Thiên Hanh, actuellement en détention administrative dans la pagode de Bao Lôc.

L’affaire a d’abord été connue par une lettre du religieux concerné, protestant auprès des autorités pour ces incidents (2). Selon le récit du religieux dans cette lettre datée du 2 avril (1), l’heure de la rencontre de la délégation avec le religieux à la pagode avait été fixée à 15 heures le 29 mars. Au dernier moment, à la demande de la délégation, le rendez-vous avait été repoussé à 16 h 30. A cette heure-là, un certain nombre de membres du Parti et de la police, les uns en uniforme, d’autres en civil, ont cerné la pagode et verrouillé l’entrée. Pendant ce temps, au croisement de la rue Diên Biên Phu et de la rue menant à la pagode, un accident simulé empêchait toute circulation et provoquait un embouteillage dans lequel la voiture de la délégation américaine resta bloquée. Finalement, sur les conseils de la police leur assurant que leur sécurité n’était pas assurée, les diplomates américains se sont résolus à rebrousser chemin. Dans sa lettre, le religieux rapporte encore que, dans le même temps, la police de Huê verrouillait les portes de deux autres pagodes de la ville, isolant les religieux de tout contact avec l’extérieur. Selon des déclarations ultérieures du religieux, un peu plus tard dans l’après midi, il a pu s’entretenir assez longuement par téléphone avec les membres de la délégation américaine qui lui ont posé un certain nombre de questions concernant la situation actuelle du bouddhisme unifié.

Dès le 7 avril, le récit du religieux était confirmé par le porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis, Tom Carmichael : “Au cours d’un récent voyage à Huê, des agents de notre ambassade et de notre consulat général n’ont pas eu la possibilité de rencontrer les représentants de certains groupes religieux, ce qui est apparemment le résultat d’une action policière.” Le communiqué du porte-parole ajoutait que les Etats-Unis tenait à promouvoir la liberté religieuse et à maintenir des contacts avec un grand nombre de dirigeants religieux et de pratiquants.

Le vénérable Thich Thiên Hanh, depuis le début des années 1990, mène une lutte vigoureuse, au sein de la Sangha de Huê, pour arracher à l’Etat l’indépendance de l’Eglise bouddhiste unifiée (3). Depuis le mois d’octobre 2003, il est maintenu en détention administrative dans sa pagode de Bao Quôc. A cette époque, une assemblée extraordinaire des responsables de cette branche dissidente du bouddhisme, tenue dans la pagode Nguyên Thiêu au Binh Dinh, au début du mois d’octobre, avec la présence des deux personnalités les plus éminentes, les vénérables Thich Huyên Quang et Thich Quang Dô (4), a largement renouvelé la direction de l’Eglise. Le vénérable Thich Thiên Hanh, déjà responsable de la Sangha des religieux de Huê, fut nommé au poste de secrétaire général de l’Institut du clergé, une des deux instances dirigeantes du bouddhisme unifié. Cette nomination lui avait valu d’être condamné à la résidence surveillée dans sa pagode de Bao Quôc, par un ordre oral de la police locale sans qu’aucun document écrit ne soit venu attester de cette décision. Le religieux avait aussitôt protesté dans une lettre aux autorités du pays (5).