Eglises d'Asie

A l’approche des élections présidentielles du 10 mai 2004, l’archevêque de Manille publie une Lettre pastorale intitulée : “Election et édification de la nation”

Publié le 18/03/2010




Le 11 avril dernier, Mgr Gaudencio Rosales, archevêque de Manille, a publié une Lettre pastorale intitulée : “Election et édification de la nation”. Alors que la campagne pour les élections présidentielles du 10 mai prochain bat son plein, les sondages indiquent que l’actuelle présidente Gloria Macapagal-Arroyo et l’acteur de cinéma Fernando Poe Jr. sont au coude à coude, devant les trois autres candidats. Pour les 366 302 Philippins résidant à l’étranger et inscrits sur les listes électorales, ce 11 avril était le premier jour où ils pouvaient voter dans les consulats philippins.

Pour Mgr Rosales, l’objet d’une Lettre pastorale centrée sur les élections n’est pas d’indiquer aux catholiques de Manille “le bon choix” mais de les aider à discerner les enjeux en présence. Dans ce texte court – une quinzaine de paragraphes -, l’archevêque de Manille invite les catholiques à réfléchir à l’avenir de leurs familles et de leur pays. Dans cette perspective, les élections sont un moyen de trans-former un système politique et une société rongés par la corruption. La Lettre s’ouvre par la question : “Une élection peut-elle résoudre le problème de la corruption ?”

Mgr Rosales écrit que le temps des élections est le temps où chacun des citoyens philippins peut peser le plus directement sur “l’édification de la nation”. Dans un pays où, souligne-t-il, 40 % du budget annuel de l’Etat s’évapore du fait de la corruption et des détournements de fonds, le sens du bien commun n’est pas la qualité la mieux partagée. Pour changer cela, insiste Mgr Rosales, bon nombre de citoyens ont besoin d’être aidés afin d’exercer à bon escient leurs droits de citoyens. “Dans une nation en construction, écrit-il, nombreux sont ceux qui ne sont pas aptes à discerner la différence entre ce qui relève du spectacle et ce qui relève du sérieux, entre le réel et l’irréel, entre l’image et la vraie vie, entre la responsabilité et la liberté.” Le choix du plus “populaire” n’étant pas nécessairement un choix responsable, l’archevêque de Manille appelle ceux qui le peuvent à “éduquer les gens à une citoyenneté responsable”.

Plus concrètement, Mgr Rosales demande aux catholiques de “connaître les dirigeants avant de les choisir”. Chaque catholique est appelé à s’interroger sur l’avenir de sa famille et de son pays avant de glisser son bulletin de vote dans l’urne. Les critères de discernement sont établis ainsi : “1. Le candidat doit non seulement croire en Dieu mais le craindre. 2. Le candidat doit être une personne morale, honnête et non violente, que ce soit dans sa vie privée, officielle ou publique. 3. La personne qui recherche le mandat du peuple doit se laisser guider par des principes et non par le désir de popularité ou de publicité. 4. Le candidat doit avoir un amour vrai des pauvres ; il ne doit pas se bâtir une image artificielle d’empathie à leur égard. 5. Le candidat doit avoir démontré concrètement son souci du bien commun ; il doit être véritablement soucieux d’une écologie solide et respectueuse de l’intégrité de la création et de ses ressources destinées au bien de tous ; il ne doit pas être lié à une industrie ou un groupe particulier. 6. Le candidat ne doit pas travailler en partenariat avec des opportunistes, des escrocs ou des trafiquants de drogues. 7. Le candidat doit se déclarer ouvertement contre les drogues et les valeurs ou les pratiques malsaines. 8. Celui qui aspire à diriger doit avoir une vision qui embrasse l’intérêt et les besoins du peuple.”

Soulignant que Pâques est précisément la célébration du triomphe du Christ sur la mort, le péché et le mal, Mgr Rosales conclut en demandant la prière de chacun pour ces élections et, au-delà, pour le pays. “Le développement de chacun tout comme l’édification de la nation ne sont pas atteints que par les élections ou par les lois. Ils s’obtiennent par de petits actes que chacun pose en conscience écrit-il, en affirmant que les Philippines ne sont pas condamnées à être mal dirigées.