Eglises d'Asie

Madhya Pradesh : le diocèse catholique d’Ujjain a installé un dispensaire sur les lieux du plus grand rassemblement hindou de l’Inde

Publié le 18/03/2010




L’Eglise catholique locale a voulu offrir ses services à la communauté hindoue pour une de ses plus grandes assemblées religieuses, le Khumbh Mela (‘la fête de la cruche’), qui cette année se déroule durant tout un mois à Ujjain dans l’Etat du Madhya Pradesh. Plus de trente millions de religieux, ascètes et fidèles hindous étaient attendus dans cette ville célèbre pour ses temples. Le 5 avril dernier, une foule estimée à deux millions et demi de fidèles est venue se baigner dans le fleuve du Kshipra, bain qui constitue le rite principal des festivités du Kumbh Mela. Le diocèse d’Ujjain a établi sur les lieux du pèlerinage un dispensaire qui a ouvert ses portes le 3 avril pour y accueillir tous ceux qui auraient besoin de soins durant ces jours de prière.

Le Khumbh Mela constitue le plus grand pèlerinage hindou de l’Inde. Il attire des dizaines de millions de pèlerins sur le bord d’un fleuve, quatre fois tous les douze ans, chaque fois sur un site différent, tantôt à Haridwar sur le bord du Gange, tantôt à Ujjain, comme cette année, sur le bord du Kshipra, tantôt à Nashik (Nasik) sur le bord du Godavary, tantôt à Allahabad comme ce fut le cas il y a trois ans (1). Selon les Puranas, textes sacrés hindous de langue sanscrite, ces quatre lieux correspondent à des gouttes d’un nectar d’immortalité tombées sur la terre, échappées d’une cruche que dieux et démons se disputaient entre eux. Les hindous croient que le bain pris dans le fleuve durant les jours prescrits les purifie de leurs péchés.

Selon le P. Abraham Ayckara, un des initiateurs de cette entreprise, le dispensaire chrétien au sein de la fête hindoue voudrait signifier, en premier lieu, le souci d’harmonie religieuse qui anime l’Eglise catholique. Il répond aux consignes de la Conférence épiscopale de l’Inde qui a récemment souligné la nécessité du dialogue avec les autres religions et les autres cultures. Cette initiative illustre également l’intention de l’Eglise d’offrir ses services aux plus pauvres et aux plus nécessiteux, même si ceux-ci appartiennent à la foule des religieux et fidèles hindous rassemblés en ce lieu de pèlerinage. Le P. Ayckara estime en effet qu’au moins 80 % des participants de ce pèlerinage sont des pauvres : “Il n’y a pas de meilleure occasion pour l’Eglise de se tourner vers eux.”

Selon les déclarations de l’évêque du lieu, Mgr Sebastian Vadakkel, qui vient se mêler chaque jour à la foule des pèlerins, le dispensaire bénéficie d’une fréquentation chaque jour plus nombreuse. Le nombre de patients qui était déjà de 75 au premier jour de l’ouverture atteignait déjà 208 au troisième jour. Pour l’évêque, cette initiative constitue les fondations d’une future collaboration religieuse. Tout en gagnant la confiance des autres groupes religieux, elle est susceptible d’aider ceux-ci à prendre conscience de l’unicité de Dieu.

Environ vingt personnes, parmi lesquelles des religieuses, travaillent dans le dispensaire constitué de matériel mobile abrité sous une tente. On y dispense les premiers soins en cas d’urgence, on y traite les blessures, on y administre des piqûres intraveineuses. Un ascète hindou, sous traitement pour une grave maladie des reins, est venu au dispensaire espérant de meilleurs soins que dans les dispensaires et hôpitaux publics. Il est reparti ravi, déclarant que les religieuses, sans se contenter de distribuer des médicaments, lui avaient offert également leur gentillesse. Les sours, elles, se gardent bien de prêcher la religion, mais elles humanisent leurs contacts avec chacun des patients et les informent du motif profond de leur attention aux malades.