Eglises d'Asie – Inde
Madhya Pradesh : pour protéger les chrétiens des attaques fondamentalistes hindous, un groupe ocuménique d’autoprotection reprend vie
Publié le 18/03/2010
Cette initiative s’est développée à la suite d’une escalade de violences anti-chrétiennes qui s’est déclenchée au début du mois de janvier 2004 à Jhabua (1). Ces manifestations, animées, semble-t-il, par des groupes de l’extrême droite hindouiste, avaient immédiatement suivi la découverte, le 11 janvier 2004, du corps d’une petite fille de 9 ans, nommée Sujata, dans une salle de bain d’une école catholique située à l’intérieure de l’enceinte de la cathédrale de Jhabua, diocèse du Madhya Pradesh. Les traces trouvées sur le corps ont montré qu’elle avait été violée avant d’être étranglée. Depuis la macabre découverte, une série de manifestations très violentes ont déjà fait un mort et un certain nombre de blessés, parmi lesquels des religieuses et des prêtres chrétiens. Les militants hindouistes accusaient ouvertement les prêtres catholiques d’avoir commis le meurtre, même après que la police eut arrêté un individu de religion hindoue, qui a avoué le viol et le meurtre.
Le 16 janvier, en particulier, le P. Ferreira, principal responsable de la mission Don Bosco à Alirajpur, a été pris à partie par une foule de manifestants qui l’a frappé, a mis le feu à sa voiture et incendié un certain nombre de maisons de chrétiens. Le prêtre s’en est tiré avec huit points de suture et de nombreuses entailles sur le visage. Il est aujourd’hui l’un des auteurs de l’initiative visant à réanimer l’ancien organe ocuménique. Il a suggéré que celui-ci mène des activités telles qu’elles permettent aux hindous et aux musulmans de porter un regard positif sur les chrétiens de la ville. Selon lui, les fauteurs de trouble ne constituent qu’un petit groupe et l’association ocuménique revivifiée est susceptible de détourner d’eux le soutien public. Un des participants de la rencontre du 18 mars, Melvyn Christopher, considère lui aussi que le nouveau groupe est capable d’arracher les racines de la violence qui, sinon, pourrait se développer très rapidement.
Lors de la réunion a été mise en relief la bonne renommée dont jouissait la communauté chrétienne jusqu’ici. “Nous n’avons commis aucun crime a souligné le P. Ferrera. Il a ajouté que les services de l’Eglise catholiques bénéficient à toute la population sans aucune discrimination. L’école gérée par la mission, seul établissement scolaire de la région, accueille 800 élèves dont près de 90 % ne sont pas de religion catholique. Jusqu’à présent, les chrétiens d’Alirajpur n’avaient jamais eu à se plaindre de tels incidents. Selon les statistiques de 2001, ils sont au nombre de 250 familles, à savoir un dixième de la population de la ville (25 200 familles), population qui, pour sa majorité, est issue des minorités ethniques de la région. La majorité des chrétiens appartiennent à l’Eglise (protestante) de l’Inde du Nord ; toutefois, la majorité des établissements éducatifs ou caritatifs est gérée par des catholiques.
Cependant, les fondamentalistes hindous, en particulier le Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps national des volontaires, RSS), particulièrement actif dans la région, continuent d’attribuer aux chrétiens la responsabilité des derniers événements. Le secrétaire local, Deepak Jain, accuse ceux-ci d’opprimer les hindous, de refuser leur admission dans les écoles chrétiennes et d’importuner leurs femmes. Selon les chrétiens locaux, voilà près de dix ans que les groupes fondamentalistes hindous répandent de telles calomnies sans emporter la conviction de la population. En effet, de nombreux hindous s’attristent de voir les établissements catholiques fermer leurs portes à cause des derniers événements, sans pouvoir manifester ouvertement leurs sentiments à cause de la crainte que fait peser sur eux la violence des extrémistes.