Eglises d'Asie

Un centre médico-social fondé par des catholiques venus de Corée du Sud se consacre au service des plus démunis

Publié le 18/03/2010




Par manque de locaux, le terrible froid des longs hivers mongols a beaucoup gêné le travail d’une antenne médicale sud-coréenne dans ses visites auprès des malades. Après sept ans de travail itinérant, cette équipe médicale travaille désormais dans une structure en dur. Grâce à l’intervention de Mgr Padilla, évêque du diocèse catholique d’Oulan-Bator, l’équipe médicale est désormais dotée d’un centre médico-social installé tout près de la cathédrale Sts Pierre et Paul (1). Ouvert en mars dernier, il est dirigé par le P. Michael Kim, de l’Université catholique de Séoul. « Soigner ceux qui n’ont pas accès aux soins médicaux a toujours été notre but. Pendant sept ans, nous n’avons pu qu’effectuer des visites itinérantes pendant les seules courtes périodes d’été a confié le P. Kim, prêtre et médecin coréen qui se réjouit de pouvoir venir dorénavant deux semaines par trimestre accompagné d’une équipe de spécialistes coréens pour seconder et conseiller les trois médecins mongols, le pharmacien et les travailleurs sociaux responsables à plein temps de ce centre.

L’antenne médicale a été inaugurée le 6 mars dernier par les malades eux-mêmes. Amenés par les missionnaires, ils venaient de Yaarmag, et de Dair Eh ou bien encore de Shuwuu, à 40 Km au sud-ouest de la capitale. Depuis, la rumeur aidant, quatre-vingt patients se présentent chaque jour. Une assistante sociale mongole, Munkhjargal, les accueille et les oriente vers le service qui les prendra en charge : gynécologie, médecine générale ou pédiatrie. « Mon travail consiste non seulement à les aiguiller mais aussi à nous assurer qu’ils ou elles n’ont vraiment pas les moyens de se faire soigner ailleurs, dit-elle. Sans quoi les gens aisés viendraient eux aussi nous solliciter et prendre la place de ceux qui sont vraiment dans le besoin. »

En Mongolie, tous les assurés sociaux peuvent se faire soigner dans les services hospitaliers de l’Assistance publique mais un forfait y est exigé. Le centre médico-social est lui ouvert à tous, munis ou non d’une pièce d’identité, mais l’assistante sociale, de façon systématique, explique à ceux qui peuvent payer pourquoi ce sont les plus démunis qui ont la priorité. « Nous accueillons bien sûr et soignons ceux qui viennent pour la première fois, même ceux qui ont de quoi, parce que souvent ils viennent de très loin, mais gentiment nous leur expliquons qu’ils peuvent recevoir le même traitement dans d’autres établissements, publics ou privés, et nous leur conseillons de ne plus revenir nous voir. » Quant à ceux que le centre prend en charge, les médecins ne leur donnent à chaque fois que trois jours de médicaments pour les obliger à revenir rencontrer le médecin traitant qui pourra ainsi mieux suivre l’évolution de la pathologie.

Pour l’approvisionnement en médicaments, distribués gratuitement aux malades, les achats sont effectués par le P. Kim. « Heureusement, explique-t-il, les pharmacies mongoles commercialisent des médicaments de bonne qualité, importés ou élaborés sur place. » De nombreux patients sont des ‘sans domicile fixe’ qui vivent, non pas ‘dans’ mais ‘sous’ les rues de la capitale. Ils émergent des trous et des galeries renfermant les conduits du chauffage urbain où ils se réfugient avec, souvent, de terribles lésions. Ils souffrent d’engelures, provoquées par le froid, ou de brûlures dues aux canalisations contre lesquelles ils se sont blottis pour dormir (2). Non seulement les médecins les soignent mais ils essaient de leur apprendre quelques règles élémentaires d’hygiène – « même s’il est impossible à la plupart d’entre eux de se laver puisqu’ils vivent sous terre ».

Le centre médico-social a été fondé par l’association « Un seul corps – un seul cour » de l’archidiocèse de Séoul. Cette association a été mise sur pied pour permettre aux catholiques coréens de répondre aux souffrances des autres par des actions concrètes.