Eglises d'Asie

Une dizaine de chrétiens h’mongs ont été emprisonnés pour leur foi dans les provinces du Nord-Ouest

Publié le 18/03/2010




Dans un appel adressé aux autorités civiles vietnamiennes, le Centre pour la liberté religieuse, organe rattaché à l’organisation de défense des droits de l’homme Freedom House, attire une fois de plus l’attention sur les chrétiens h’mongs emprisonnés pour leur croyances dans les provinces de Lai Châu et de Ha Giang au nord ouest du Vietnam. Dans cette lettre datée du 6 avril 2004, l’organisme humanitaire réclame également la libération immédiate des autres prisonniers religieux. Ce faisant, affirme le document, le gouvernement vietnamien honorerait les engagements pris par lui en souscrivant aux lois internationales sur les droits de l’homme et, en cette période de carême, accomplirait un geste de bonne volonté.

L’appel du Centre pour la liberté religieuse souligne en particulier le cas de dix chrétiens oubliés du monde et dont les noms sont peu connus en-dehors de leurs communautés du Nord-Vietnam. Trois d’entre eux sont des notables ou des dirigeants de communauté. L’un des notables emprisonnés, dénommé Ma Van Bay, a été arrêté au mois de novembre 2003 et incarcéré sans avoir été traduit au préalable devant un quelconque tribunal. Un second, du nom de Mua Say So, est le frère du chrétien Mua Bua Senh, qui avait été battu à mort par la Sécurité de la province de Lai Chau en août 2002 (1). A cette époque, Mua Say So avait envoyé des pétitions aux instances gouvernementales pour demander que justice soit faite à propos de son frère. Au lieu de l’écouter, le gouvernement avait, en avril 2003, condamné Mua Say So à trois ans de prison pour le meurtre de son frère et pour fausses accusations à l’égard de la police.

Contre les autres prisonniers h’mongs – dont le nom est rapporté par le Centre pour la liberté religieuse – ont été retenus divers griefs vagues et imprécis. Il leur est reproché d’avoir troublé l’ordre public, d’avoir tiré avantage financier de la religion, d’avoir résisté à des officiers de police dans l’exercice de leur fonction. Voilà des décennies que les autorités policières s’efforcent de transformer les croyants ou les dissidents politiques en criminels de droit commun. Les divers chrétiens h’mongs cités sur la liste sont en train de purger des peines de prison allant de huit mois à douze ans.

Cinq des prisonniers de conscience portés à la connaissance du public par le Centre ont été arrêtés en novembre et décembre 2003 dans le district de Hoang Su, province de Ha Giang. Ils devraient être jugés prochainement. Dans un acte d’accusation, déjà divulgué, ils sont accusés d’avoir organisé des assemblées hebdomadaires réunissant entre cinquante à soixante personnes. Plus de 322 pages de cet acte sont consacrées à consigner les preuves de l’existence de ces assemblées qui, semble-t-il, ne sont pas autre chose que des activités du culte chrétien.

Ces internements témoignent de la violence de la persécution exercée contre les chrétiens h’mongs au Vietnam. Récemment, le même Centre pour la liberté religieuse rapportait le mois dernier que certains chrétiens s’étaient vus injecter une substance chimique pour mieux renier leur religion (2). D’une façon générale, pour les H’mongs qui ne n’étaient pas convertis avant l’année 1954, date de la prise de pouvoir communiste au Nord-Vietnam, le christianisme constitue une religion illégale comme cela est écrit en de nombreux textes officiels.

Le document énumère également les lieux où les chrétiens purgent leurs peines aujourd’hui. La prison Hong Ka de la province de Yên Bai, la prison C-10, district de Diên Biên Phu, province de Lai Châu, la prison de Yên Ha, Phu Yên dans la province de Son La, la prison de la province de Ha Giang.