Eglises d'Asie – Philippines
“CONSTRUIRE LA NATION PAR LES ELECTIONS” – Déclaration pastorale des évêques catholiques en vue des élections présidentielles du 10 mai 2004
Publié le 18/03/2010
Les élections représentent un moment clef de la construction de la nation, notre tâche à tous. Elles représentent “une opportunité bienvenue de transformer la société par un choix avisé, capable et juste de nos dirigeants” (Oratio Imperata). Elles sont un temps où nous pouvons institutionnaliser plus avant le pouvoir populaire (People Power) par un choix informé et responsable de nos dirigeants locaux et nationaux. Ce choix est celui de millions de Philippins vivant ici et à l’étranger.
En dépit de bruits persistants relatifs à des fraudes massives et des mesures inconstitutionnelles envisagées par divers groupements politiques, nous affirmons une fois de plus que la vigilance et l’action concertée des citoyens sont la meilleure garantie pour préserver l’honnêteté ainsi que le bon et pacifique déroulement des élections. Sommes-nous prêts à défendre notre style de vie démocratique, dans le respect des procédures prévues par la Constitution et de l’Etat de droit ?
C’est dans cette perspective que nous soulignons l’importance de sauvegarder le processus électoral. Nous disons notre chaleureux soutien à des groupes citoyens tels que les PPCRV (Conseil pastoral de paroisse pour un vote responsable), les NAMFREL (Mouvements nationaux des citoyens pour des élections libres) (1) et autres qui travaillent en lien étroit avec la COMELEC (Commission électorale), l’armée et la police nationale ainsi que les enseignants des écoles publiques. Ils font un travail non partisan et neutre pour assurer le bon déroulement des opérations électorales. Nous notons également que la COMELEC n’a pas, dans de nombreux lieux, communiqué les listes électorales et que l’approvisionnement en encre indélébile n’est pas assuré partout. Ces problèmes seront-ils résolus avant les élections ?
Les élections sont aussi un temps où nous pouvons affirmer que nous ne pouvons rester neutres face à la corruption sous ses diverses formes, telles que l’achat de vote, la vente de suffrage, la taxation par la NPA (Armée du peuple nouveau) de candidats et de citoyens, le mauvais usage des fonds publics, etc. La lutte contre la corruption nous est dictée par l’Evangile.
Même si nous concentrons notre attention sur les opérations électorales proprement dites, nous rappelons cependant aux électeurs qu’il est de leur droit et de leur devoir avant les élections de discerner et de choisir le candidat de leur choix en se fondant sur certains critères. Au moins trois critères fondamentaux doivent être pris en compte : premièrement, le candidat est-il une personne compétente, en termes d’expérience, de qualifications professionnelles et de capacité à diriger et à gérer ? Deuxièmement, le candidat est-il une personne de conscience, en termes d’intégrité personnelle, de transparence et de respect des droits fondamentaux de la personne ? Et troisièmement, le candidat est-il une personne engagée, avec une vision et un programme d’action concernant les questions clefs telles que la famille et la vie, l’environnement, les substances illicites (drogues) et les jeux d’argent, la justice, la paix et l’ordre, la diminution de la pauvreté, l’éducation, etc. ?
Au-delà des élections, les citoyens sont confrontés à un défi encore plus grand : continuer à surveiller les candidats vainqueurs de façon à s’assurer du respect de la transparence, veiller à ce que les vainqueurs du suffrage universel rendent des comptes aux citoyens et enfin ouvrer à ce que le peuple exerce le pouvoir en vue d’un bon gouvernement. Nous avons prié pour des élections propres ; nous continuons à prier et travailler pour la réconciliation et la solidarité, deux aspects essentiels pour la construction de la nation.
“Donc, faisons le bien sans faiblir ; si nous ne nous décourageons pas, le moment venu nous récolterons. Ne manquons pas les occasions, agissons bien envers tous.” (Gal. 6, 9-10)
Pour la Conférence des évêques catholiques des Philippines
Mgr Fernando R. Capalla, archevêque de Davao et président de la Conférence épiscopale
(1)NdT : Dans de nombreux diocèses, les NAMFREL sont dirigés par les évêques eux-mêmes.