Eglises d'Asie

Désespérés de voir leur sort s’améliorer, des réfugiés catholiques bhoutanais au Népal ont écrit au pape pour lui demander d’intervenir en leur faveur auprès du roi du Bhoutan

Publié le 18/03/2010




Quatre familles catholiques, soit quinze personnes au total, ont écrit au pape Jean-Paul II le 11 avril dernier, jour de Pâques. “Nous prions Votre Sainteté d’intervenir directement auprès de notre roi, Sa Majesté Jigme Singye Wangchuk, pour mettre fin à cette tragédie humaine. C’est un homme religieux et nous sommes sûrs qu’il écoutera attentivement Votre Sainteté peut-on lire dans cette lettre envoyée au pape par la voie postale normale.

Dans leur missive, les catholiques bhoutanais décrivent leur “treize longues années” passées dans des camps de réfugiés au Népal comme une épreuve “tragique, douloureuse et sans espoir d’un retour digne au pays”. Baptisés il y a moins de quatre ans, ils qualifient ce qu’ils vivent aux côtés de plus de 100 000 autres réfugiés comme “un assassinat silencieux”.

Les réfugiés bhoutanais présents au Népal dans des camps situés dans la partie Est du pays ont fui leur pays en 1990, victimes d’une politique du gouvernement bhoutanais visant à l’expulsion de certaines minorités ethniques. Le gouvernement bhoutanais affirme pour sa part que ces réfugiés sont des citoyens népalais qui ont migré au Bhoutan et se refuse donc à les accepter sur son territoire. Les deux pays, le Népal et le Bhoutan, ont tenu quinze sessions de pourparlers sans parvenir à un résultat tangible (1). Le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU a annoncé son retrait des camps, retrait qui a déjà débuté et qui sera terminé en 2005. Dans les camps, le désespoir des réfugiés va en augmentant. Pour les familles catholiques qui ont écrit au pape, “les grands de la scène politique mondiale se désintéressent de [leur] sort” et seul le pape peut “influencer et persuader” l’Inde, l’Union européenne, les Etats-Unis et l’ONU afin de les aider à “récupérer les droits fondamentaux et la liberté”.

Selon l’un des catholiques auteurs de la lettre, Indra Bahadur Chhetri, “nous sommes une minuscule communauté. Numériquement, nous ne représentons rien. Mais nous avons l’espoir, la ferme croyance plutôt, qu’en tant que catholiques, nous ne sommes pas isolés en dépit de l’épreuve que nous vivons”. Affirmant sa confiance dans l’intervention du pape, il ajoute : “Notre roi bhoutanais est un bouddhiste fervent, pieux, religieux et plein de compassion. Il écoutera certainement une demande émanant du pape.” Selon lui, le roi du Bhoutan, à ce jour, n’a pas été informé correctement de la situation des réfugiés du Népal, “de hauts responsables du gouvernement bhoutanais le laissant dans l’ignorance de [leur] sort”.