Eglises d'Asie – Philippines
La Conférence des évêques accueille dans ses locaux les observateurs chargés de veiller au respect des accords passés entre le gouvernement et la guérilla communiste
Publié le 18/03/2010
La rencontre du 15 avril qui a réuni cinq observateurs, dont des responsables du Front démocratique national communiste des Philippines (NDFP) exilés en Hollande, a été consacrée à la mise sur pied d’un bureau qui servira au Comité conjoint de contrôle (JMC) chargé d’appliquer l’“Accord global sur le respect des droits de l’homme et des conventions internationales texte de base des négociations entre le gouvernement et la rébellion communiste. Cet accord avait été conclu en août 1998 lorsque Howard Dee, ancien ambassadeur des Philippines au Vatican, dirigeait les négociations au nom de Manille.
Selon Mgr Hernando Coronel, secrétaire général de la CBCP, ce sont les deux parties en présence qui ont demandé à être accueillies dans les locaux de la Conférence des évêques “parce qu’elles voulaient discuter en terrain neutre”. Pour les évêques, accueillir ces pourparlers constitue une contribution de l’Eglise au processus de paix.
La rébellion communiste philippine a pris son essor dans les années 1970, du temps de la loi martiale. Après le retour à la démocratie en 1986, des négociations ont été entreprises, en particulier sous la présidence Ramos en 1992, négociations auxquelles ont pris part les représentants du NDFP, le Parti communiste des Philippines et son bras militaire, l’Armée pour un peuple nouveau (1). A de nombreuses reprises, les négociations été interrompues, à l’occasion de différents incidents ou assassinats. Le dernier en date remonte à août 2002 lorsque ces organisations communistes furent portées sur une liste de mouvements terroristes (2). Les pourparlers ont toutefois repris en février dernier à Oslo, en Norvège, puis plus récemment du 30 mars au 2 avril.
Dans une déclaration faite après le 15 avril, les observateurs ont déclaré que la dernière session s’était achevée par “une importante percée”. Ils ont affirmé que “les personnes désignées par leurs responsables respectifs au JMC avaient achevé la procédure » pour la création d’une section spéciale consacrée aux droits de l’homme. Ce secrétariat conjoint recevra les plaintes et les rapports sur d’éventuelles violations des droits de l’homme dont le gouvernement ou les rebelles communistes viendraient à se rendre coupables.
Selon un des observateurs du gouvernement, il a été décidé entre les deux parties que les discussions sur les causes du conflit armé et l’adoption d’une réforme sociale, économique et politique ne seraient plus désormais freinées par des querelles relatives aux violations des droits de l’homme ou d’assassinats politiques. Par le passé, ce sont de telles querelles qui ont fait capoté les négociations.
Mercedes Contreras Danenberg, membre de la Commission des droits de l’homme, désignée comme observatrice par le gouvernement philippin, a cependant noté que certains problèmes pouvaient encore se poser comme la nécessité d’avoir une “tierce personne » capable d’arbitrer et de mettre fin à une impasse provoquée par une décision de la commission. Pour illustrer son propos, elle a donné comme exemple le cas d’une violation du droit des enfants. “Si le gouvernement porte plainte contre le NDFP qui utilise des enfants comme soldats, le NDFP pourra répondre que ce n’est pas le cas car, d’après la culture locale, un enfant est celui qui a moins de 14 ans et non pas moins de 17 ans comme l’a défini la Convention internationale sur le droit des enfants a-t-elle expliqué (3).
Une trentaine de personnes, surtout des journalistes mais également l’ambassadeur de Norvège aux Philippines, Pal Moe, étaient présents à la conférence de presse qui a suivi la rencontre du 15 avril, dans la salle de presse de la CBCP.