Eglises d'Asie – Philippines
L’Assemblée spéciale que les évêques catholiques ont récemment tenue au sujet des élections présidentielles du 10 mai prochain est diversement appréciée
Publié le 18/03/2010
Convoquée à la demande du cardinal Vidal, archevêque de Cebu, l’Assemblée spéciale n’a eu qu’un seul précédent dans l’histoire de la Conférence épiscopale des Philippines. En 1985, peu après que Ferdinand Marcos eut convoqué des élections surprises, la Conférence épiscopale s’était réunie en Assemblée spéciale pour produire une lettre condamnant la manouvre du dictateur et l’assimilant à une fraude électorale. Selon nombre d’analystes, cette lettre a joué un rôle certain dans la chute de Marcos. Cette fois-ci, Mgr Leonardo Legaspi, archevêque de Caceres, a estimé qu’une Assemblée spéciale n’avait pas lieu d’être. “Savez-vous de quoi ils ont parlé ? De rien. Ils ont publié une déclaration pastorale mais elle est vide s’est-il exclamé le 23 avril, justifiant sa non-participation à l’Assemblée. “Cela ne m’intéressait pas a-t-il ajouté, précisant : “La seule information que j’avais est que le cardinal Vidal avait peut-être une information importante à communiquer.”
Reprenant des éléments déjà exprimés dans la déclaration pastorale de janvier dernier, le texte produit par les évêques philippins appelle les laïcs à veiller au bon déroulement des opérations électorales afin d’empêcher “divers groupes” qui pourraient favoriser des fraudes, des violences ou d’“autres moyens inconstitutionnels” d’altérer, voire d’empêcher, le résultat des élections. Selon l’ancien président de la Conférence épiscopale, Mgr Orlando Quevedo, l’actuel président de la Conférence, Mgr Fernando Capalla, a jugé que la convocation d’une Assemblée spéciale était “urgente car certains rapports circulaient” au sujet “de fraudes massives et de mesures inconstitutionnelles envisagées par divers groupements politiques”. Toujours selon Mgr Quevedo, l’Assemblée spéciale a permis d’établir que ce n’était là que des “rumeurs” mais qu’il était néanmoins important que ce point fut clarifié.
Pour Mgr Deogracias Iniguez, de Kalookan, la déclaration de janvier était “plus générale” et celle d’avril trouve son utilité dans le fait qu’elle “alerte les gens, les appelle à leur responsabilité de façon à ce que les fraudes planifiées ou possibles ne puissent être mises en place”. Selon l’évêque, les responsables de l’Eglise tiennent à ne pas se montrer plus alarmistes que nécessaire afin de ne pas affoler la population tout en prenant leur responsabilité, qui, en l’occurrence, consiste à dénoncer d’éventuelles manipulations des opérations électorales.
Concrètement, l’Assemblée spéciale a souligné deux problèmes importants. Le premier concerne l’encre indélébile utilisée pour marquer ceux des électeurs qui ont voté afin d’empêcher que des personnes votent deux ou plusieurs fois. Selon les évêques, il n’est pas assuré à ce jour que cette encre soit disponible le 10 mai dans tous les bureaux de vote. Le second a trait aux listes électorales. Elles ne sont pas, semble-t-il, disponibles dans leur version informatique dans tous les bureaux de vote.
Pour Monseigneur Achilles Dacay, proche collaborateur du cardinal Vidal, “nous ne pouvons réellement prévoir ce que seront ces élections mais au moins les évêques ont montré, par cette Assemblée spéciale, qu’ils se souciaient de la situation. Si les évêques ne s’étaient pas réunis, les gens se seraient demandés ce qu’ils faisaient”.