Eglises d'Asie

Les violations des droits de l’homme se multiplient dans le royaume

Publié le 18/03/2010




Publié le 9 avril dernier, le rapport annuel du principal groupe népalais de défense des droits de l’homme souligne à quel point les affrontements entre rebelles maoïstes et forces armées gouvernementales provoquent une forte augmentation des violations des droits fondamentaux des Népalais. Le douzième rapport annuel d’INSEC (Informal Sectors Services), une ONG locale, détaille au fil de ses 650 pages les violences qui ont causé la mort de 2 236 personnes en 2003.

Pour Mgr Sharma, préfet apostolique du Népal, ce rapport “fait clairement apparaître que, des deux côtés, les droits de l’homme sont violés”. Le travail d’INSEC est selon lui indispensable car « les gens ne peuvent pas prendre parti s’ils ne connaissent pas toute la vérité” (1Il ajoute que l’Eglise se sent concernée “par tous les innocents, en particulier les enfants devenus orphelins ou tués après avoir sauté sur des mines ou joué avec des dharap (objets piégés) laissés intentionnellement dans des lieux publics”.

En comparaison des 4 000 morts recensés en 2002, le nombre des victimes paraît en baisse pour 2003. Mais le président d’INSEC, Subodh Pyakurel, précise qu’il ne faut “pas être dupe” de ces chiffres. En effet, 2003 a été caractérisé par un cessez-le-feu de sept mois entre les belligérants. “Durant les quelques mois qui ont suivi la fin de la trêve, le nombre des victimes a rejoint le chiffre de l’année dernière soit douze personnes tuées par jour.

Disponible en anglais et en népalais, le rapport indique que 646 personnes ont été tuées par les rebelles maoïstes en 2003. Elles ont été “battues, lapidées, décapitées, déchirées par des bombes et des explosifs, frappées et fusillées”. Les forces du gouvernement quant à elles sont tenues responsables de la mort de 1 217 victimes.

L’INSEC a pour tradition de publier son rapport tous les ans à la date anniversaire des émeutes sanglantes de 1990 qui conduisirent le Népal, alors monarchie absolue, à une démocratie pluripartite et à une monarchie constitutionnelle. Présenté cette année devant plus de 4 000 personnes – dont des diplomates et des observateurs étrangers -, le rapport a été l’occasion pour certains dirigeants politiques locaux de dénoncer les limitations imposées par les autorités aux libertés fondamentales. Dès la fin de la présentation, la police a procédé à des arrestations dont celle de Madav Nepal, secrétaire du Parti communiste népalais, interpellé après avoir prononcé un discours où il avait déclaré : “Nous n’avons plus besoin d’aller dans les villages pour constater les violations des droits de l’homme, nous en sommes tous témoins ici maintenant. Le roi se moque du monde.”

Pour Josh Niraula, président du Mouvement des travailleurs chrétiens, les violences que connaît le Népal sont graves. “Nous sommes devenus subitement un peuple violent. Nous souffrons tous, les maoïstes dans la jungle, les politiciens qui protestent journellement, le roi qui paraît mentalement épuisé et les jeunes soldats dans leurs épais uniformes de combat sous le soleil brûlant.” Le militant chrétien dit cependant garder espoir en “une résurrection future. La situation au Népal changera en raison du sang versé.”

Interrogé sur le rôle de l’Eglise dans cette conjoncture, le P. Silas Bogati, directeur de la Caritas locale, a répondu : “Notre action ne peut se limiter aux seuls rassemblements pour la paix. Nous entreprenons un programme de paix constructif en faveur des personnes déplacées à l’intérieur du pays.”